Interviews de Toriyama après l'an 2000

Cette page contient les interviews les plus intéressantes de Toriyama réalisées après l'an 2000.

Interview croisée entre Oda et Toriyama publiée dans l'artbook One Piece Color Walk 1 (paru le 24 juillet 2001)

Toriyama

Journaliste : M. Oda, pouvez-vous commencer par nous dire ce que représente maître Toriyama pour vous ?

Oda : C'est simple, pour moi c'est un dieu. Il appartient à une dimension totalement différente. En fin de compte, il est juste trop bon en dessin.

Toriyama : Ça y est, je me sens déjà mal à l'aise. (rires)

Lanfan

Oda : À vrai dire, je ne lisais pas Dr Slump. C'est avec le deuxième épisode de Dragon Ball que j'ai découvert maître Toriyama et que j'ai eu le coup de foudre. À cette époque, j'adorais Disney mais je vous ai trouvé encore meilleur.
Vous souvenez-vous du personnage nommé LanFan qui apparaît au championnat du monde des arts martiaux ?

Toriyama : Ah oui, oui je m'en rappelle !

Oda : Je vous ai demandé si vous vous en souveniez car je crois savoir que vous oubliez bon nombre de vos personnages. (rires)...
Pour en revenir à LanFan, il y a un passage où elle se déshabille et je me rappelle avoir été époustouflé par ses aisselles. Je n'avais encore jamais vu personne dessiner aussi bien les dessous de bras. Idem pour les mains de Tao Pai Pai.

Toriyama : Tao Pai Pai ? On part dans les personnages les moins importants, là.

Oda : Quoi ?! Tao Pai Pai est énorme ! C'est un personnage majeur !

Toriyama : Le type avec la tresse ?

Taopaipai Tao Pai Pai

Oda : Oui, voilà, le tueur qui lance un pilier dans les airs et qui monte dessus.

Toriyama : Oh oui, je me souviens d'avoir dessiné ça.

Oda : Ses mains étaient si bien dessinées quand il prenait sa position de combat. Du coup, pendant un temps, je ne dessinais que des mains. Les aisselles et les mains, voilà les deux choses qui m'ont le plus marqué dans Dragon Ball.

Tenshinhan Ten Shin Han

Toriyama : Cette série était destinée à avoir des personnages de plus en plus musclés. Je regrette vraiment de ne pas avoir étudié de modèles de musculature à l'époque, mais je n'avais pas eu l'occasion de le faire.

Oda : J'ai été très étonné par la corpulence de vos personnages, même en tant que lecteur de Muscle Man. (rires)

Gokuh musclor

Toriyama : J'ai trop privilégié l'apparence des muscles, donc si vous les regardez comme des muscles réels, ce n'est pas exact.

Oda : Mais non, c'est parfait comme ça. Même les filles que vous dessinez sont assez musclées, ce qui les rend un peu sexy.

Toriyama : C'est juste parce que je ne suis pas très doué pour dessiner les filles. (rire sec)

Oda : Maître Toriyama, vos illustrations d'engins mécaniques aussi sont impressionnantes.

Toriyama : La majorité d'entre eux sont entièrement inventés. Mais il y avait des plans dans ma tête qui déterminaient le moyen de propulsion et la localisation des réservoirs de carburant.

Oda : C'est ça qui fait toute la différence. On ne pense pas à ce genre de choses, habituellement. Moi, je ne comprends rien à la mécanique, c'est pour ça que je ne sais pas dessiner des machines comme ça.

Toriyama : Même pour la plus improbable des machines, et même si en théorie, c'est complètement abracadabrant, j'essaie toujours de déterminer les éléments pratiques. Comment monte-t-on à bord, par exemple.

Oda : C'est vrai que pour la forme elle-même, la vraisemblance n'est pas vraiment primordiale.

Toriyama : Dessiner des machines dans une illustration, ça va, mais les intégrer dans l'histoire, c'est une autre affaire, tu sais. Il vaut mieux y réfléchir à deux fois car après, c'est une plaie de les redessiner encore et encore. Si je vais jusqu'à ma limite pour dessiner quelque chose, j'aurai le couteau sous la gorge par la suite.

Oda : Certes. Et quand il s'agit de les faire se déplacer, ce n'est pas une mince affaire non plus. Ça me rappelle les mechas combinables de la bande à Pilaf.

Toriyama : ??

Oda : Mais si, voyons ! J'étais si heureux que les trois mechas fusionnent en un seul ! Et quand seulement deux se combinaient, ça prenait la forme d'une autruche.

Toriyama : Ah bon ? C'était un véhicule ?

Oda : Oui.

Toriyama : Un robot ?

Oda : Ouais.

Toriyama : Ça me dit vaguement quelque chose.

Oda : Pourtant, vous aviez même pensé à ses transformations.

Toriyama : J'ai poussé la réflexion aussi loin ? Je me surprends moi-même.

Oda : Eh oui ! (rires)

Journaliste : De toutes vos illustrations respectives, pouvez-vous nous dire laquelle est votre préférée ?

Toriyama : Mon illustration favorite ? Hmm...

Oda : Je sais. Maître Toriyama ne s'en souvient probablement plus, mais je me rappelle avoir lu quelque part un commentaire là-dessus.

autruche.jpg

Toriyama : Vraiment ?

Oda : Oui, dans une interview.

Toriyama : C'est celle-ci ? -->

Oda : Gagné ! (rires) Vous disiez que c'était la seule que vous aimiez. Je me suis même demandé ce qui vous déplaisait tant chez les autres.

Toriyama : Oui, c'est exact, je me souviens d'avoir dit ça. Mais aujourd'hui, en la regardant, je me demande bien pourquoi j'ai choisi celle-là pour favorite.

Oda : (écroulé de rire)

Toriyama : Peut-être était-ce la jolie couleur de fond qui me plaisait bien.

Oda : À l'époque, vous disiez que c'était l'équilibre global du véhicule.

Toriyama : Je suppose que j'avais pensé à l'époque que ça allait vraiment bien ensemble...?

Oda : Ça, je ne peux pas répondre à votre place. (rires)

Toriyama : Et toi, quelle est ton illustration préférée ?

Oda : Mon dessin préféré. Ce doit être le poster que j'avais fait pour Jump où l'on voit Luffy et sa bande assis sur un ours polaire. Je crois que c'était la première fois que je dessinais cinq d'entre eux ensemble. Il était vraiment très grand et j'en suis satisfait.

One piece

Toriyama : Quoi, tu l'as dessiné à l'échelle normale ?

Oda : J'ai essayé de m'approcher le plus près possible de la taille réelle. J'ai attaché deux feuilles de papier et j'ai dessiné jusqu'aux bordures.

Toriyama : Allons bon !

Oda : Au début, j'étendais effectivement les pages en les scotchant ensemble. Ce n'est que plus tard que j'ai réalisé qu'il me suffisait d'utiliser une feuille de format A3.

Toriyama : Oh, tu prends ça au sérieux ! (rires) Mais c'est vrai qu'au départ, on ne connaît pas les ficelles du métier.

Oda : (rires) Oui, on ne peut pas tout savoir.

Toriyama : Moi, quand j'ai fait mes débuts, j'avais l'habitude de dessiner les onomatopées à la règle. (rires)

Journaliste : Pour vous, M. Oda, quelle est la meilleure illustration de maître Toriyama ?

couverture volume 2

Oda : La couverture du second volume de Dragon Ball est l'une de mes préférées. Elle est très classe avec ses tons sobres et "terreux".

Toriyama : Celle-là, je l'ai dessinée sur du papier coloré. Je ne pouvais pas me permettre de la dessiner sur du papier blanc parce qu'elle faisait partie de l'une des cinq semaines consécutives de pages couleur.

Oda : Vous plaisantez ! Cinq semaines de pages couleur d'affilée ?!

Toriyama : M. Torishima m'y avait forcé !! Il m'a fait faire des choses incroyablement pénibles ! (rires) Méfie-toi de lui, c'est un individu dangereux. (rires)

Oda : Je n'ose même pas imaginer la difficulté. Déjà que j'ai les mains engourdies simplement au bout de deux semaines de suite.

Toriyama : Qu'est-ce que tu aimes dans ce dessin ?

Oda : Je trouve formidable cette sérénité dans le mouvement. Et puis il en émane une atmosphère vraiment spéciale que j'adore.

Journaliste : Vous avez tous les deux réalisé d'innombrables illustrations dans votre carrière, mais quelles sont celles qui vous ont posé le plus de problèmes ?

Toriyama : Voyons voir. Je pense qu'il est très difficile de dessiner des voitures ou des chars qui existent dans la vie réelle, parce qu'on ne peut rien foutre en l'air. L'erreur n'est pas permise. Quand je suis en panne d'inspiration, je finis par utiliser des choses du monde réel, mais ça m'apporte justement plus de soucis.

Oda : Ça doit être l'enfer pour ceux qui dessinent des histoires dans notre univers contemporain.

Toriyama : Ça ne fait aucun doute. Cette illustration a été un calvaire parce que cette moto existe dans la réalité. Non, les objets réels, c'est trop compliqué.

Oda : Ce n'est pas votre fort, quoi. (rires)

Gokuh motard

Toriyama : Et toi, qu'est-ce qui t'en a fait le plus baver ?

Oda : Moi, en fin de compte, j'aime dessiner tout et n'importe quoi. Une fois que je suis plongé dedans, je m'amuse. D'ailleurs, quand l'équipe éditoriale vient m'enlever mes planches, j'ai du mal à m'en séparer car il arrive souvent que j'aie encore envie de travailler dessus.

Toriyama : Je te félicite ! Je vois que nous différons radicalement sur ce point. Je t'envie un peu.

Journaliste : Parlons à présent des personnages. Dites-nous quel est votre personnage préféré parmi ceux que vous avez créés.

Toriyama : Pour ma part, c'est sans doute Piccolo. C'est le premier de mes personnages avec une tête de vilain que j'ai trouvé vraiment cool. Un méchant qui devient gentil, ça fait un peu cliché mais c'est super à dessiner !

Oda : Oui, et puis c'est tout aussi plaisant pour le lecteur, même s'il se doute de ce qui va arriver.

Gaimon

Toriyama : Ouaip. Et toi, alors, quel est ton personnage préféré ?

Oda : Mmh. J'aime beaucoup Luffy, bien sûr. Mais mon préféré, c'est Gaimon. Un type coincé depuis vingt ans dans un coffre au trésor, c'est une situation assez dingue, quand même. Je ne sais pas si j'arriverai à imaginer mieux un jour.

Toriyama : Comment t'es venue cette idée ?

Oda : En premier lieu, j'avais pensé à un tonneau. Mais je ne me souviens plus trop comment j'en suis arrivé là. (rires)

Toriyama : Tu es du genre à bien planifier l'orientation de tes personnages ?

Oda : Non, je fonctionne à l'inspiration du moment. Je commence par griffonner des croquis très approximatifs des nouveaux personnages, puis je leur écris une ou deux répliques qui me viennent comme ça, naturellement, sans réfléchir. En général, les premiers mots du personnage m'aident à construire sa personnalité à long terme.

Toriyama : Ouais, je vois ce que tu veux dire.

Oda : En fait, c'est en réfléchissant à ce qu'il pourrait dire que je développe le personnage.

Toriyama : J'ai pigé ! Nous n'avons pas le même enthousiasme, mais notre façon de commencer à imaginer les choses est plutôt similaire.

Oda : C'est vrai ?! (visage radieux) J'en suis ravi !

Toriyama : Alors, toute cette créativité dont raffolent tes lecteurs te vient juste naturellement ? Ou bien est-ce que tu essayes de lécher les bottes des lecteurs ?

Oda : Les deux.

Toriyama : Et si tu dessinais sans chercher à faire plaisir, penses-tu que le résultat serait différent ?

Oda : Peut-être bien, mais ce que j'aime, c'est faire quelque chose que les gens aiment.

Toriyama : Encore un point que nous avons en commun.

Oda : Comme je rêvais depuis tout petit de devenir mangaka, je réfléchissais déjà, alors que je n'étais qu'un lecteur, à ce que je dessinerai. J'ai donc emmagasiné un stock d'idées assez important et naturellement, je fais en sorte que ceux qui lisent mes histoires soient contents. Malheureusement, je n'ai sans doute plus les mêmes goûts que les jeunes d'aujourd'hui, mais j'essaie toujours de faire des choses que moi-même, j'aurais eu du bonheur à lire quand j'étais enfant.

Toriyama : C'est très important de conserver cette attitude, d'essayer de se remettre dans la peau d'un jeune lecteur.

Oda : Tout à fait. C'est pourquoi je ne tiens pas compte des statistiques et des études. Si je me dis qu'une idée m'aurait plu lorsque j'étais enfant, alors je peux l'intégrer à mon histoire en toute confiance.

Journaliste : Quels éléments avez-vous privilégiés en créant Luffy ?

Oda : La virilité. Dragon Ball est un condensé de tout ce dont raffolent les enfants. Il me fallait un axe central un peu différent pour me distinguer.

Toriyama : Mais l'aventure tient bien la route. C'est que c'est délicat de mener un tel road manga. Cette ambiance virile est très sympa.

Oda : Exactement. Chacun est un peu intimidé à l'idée d'un monde masculin, mais en fin de compte, tout le monde aime ça.

Toriyama : C'est typique ! Moi-même, en dessinant, il m'arrive de trouver que j'en fais un peu trop.

Oda : Mais, si les lecteurs sont contents du résultat...

Toriyama : On finit tout simplement par dessiner ça dans cet objectif.

Journaliste : Pour finir, si vous voulez bien échanger un petit message d'encouragement...

Oda : S'il vous plaît, soyez libre et faites ce que vous voulez ! Peu importe ce que vous faites, je serai heureux aussi longtemps que vous continuerez à dessiner des illustrations, maître Toriyama. Cependant, je suis sûr que votre responsable éditorial vous dira quelque chose comme « Dessinez une nouvelle série ! » (rires)

Toriyama : Je ne peux que te souhaiter de continuer sur ta grande lancée, Oda-kun. Que pourrais-je ajouter ? Comme mes enfants dévorent One Piece, je l'ai lu aussi et... j'ai compris pourquoi tout le monde est fou de One Piece ! Alors continue à faire de ton mieux !

Interview par le magazine Shonen Jump américain (paru en janvier 2003)

Tori-bot

Pouvez-vous nous dire quelles sont vos influences artistiques ?

J’étais un grand amateur de dessins animés jusqu'à mes 10 ans. Ensuite, je me suis intéressé aux mangas. Je pense que mon oeuvre a été influencée par les travaux d'Osamu Tezuka et de Walt Disney que j'affectionnais à cette époque. Notamment Tetswan Atom [Astro Boy] et les 101 dalmatiens.

Comment êtes-vous devenu mangaka ?

J'ai proposé une histoire à un concours mensuel pour artistes amateurs dans l'hebdomadaire Shônen Jump. Je n'ai pas gagné mais, par la suite, j'ai été contacté par un éditeur [Kazuhiko Torishima, aujourd'hui directeur du Weekly Shônen Jump], et après une année d’études, je suis passé professionnel.

Vous avez une capacité incroyable à dessiner n'importe quelle chose du monde courant en y insufflant votre propre style. Utilisez-vous souvent des documents de référence pour dessiner des objets ou des lieux ?

Je n’utilise quasiment jamais de documents pour les lieux mais bien pour les objets. Par exemple, s’il y a un modèle de voiture particulier que j'aime beaucoup, je m'inspire de certains livres.

Quel type de matériel de dessin avez-vous utilisé pour Dragon Ball ? Avec quel matériel travaillez-vous aujourd'hui ?

Je ne suis pas sûr que ce type de matériel existe aux Etats-Unis mais pour Dragon Ball, j'ai utilisé des G-pens [un type de plume], du papier Kent [sorte de papier Bristol fabriqué au Japon], de l'encre imperméable et de l'encre de couleur pour la colorisation. Aujourd'hui, j'utilise un Macintosh pour la colorisation.

J'ai entendu que vous re-colorisez, voire même re-dessinez des parties de Dragon Ball en vue d'une "Perfect Edition". Quel effet cela vous fait-il de redessiner Gokû et ses amis depuis tout ce temps ?

Je n'en ai pas redessinées du manga lui-même, parce que je commencerais à devenir très pointilleux sur le moindre détail. Je me suis contenté de faire des nouvelles illustrations de couverture.
Redessiner cela après si longtemps a produit chez moi un mélange très complexe d'émotions, combinant la nostalgie et le sentiment de ras-le-bol de dessiner du Dragon Ball.

Dragon Ball a été traduit dans de nombreuses langues à travers le monde et semble être une œuvre suscitant un intérêt universel. Quel effet cela vous fait-il d'être traduit dans de plus en plus de langues ?

J’en suis très heureux, bien sûr, mais j’essaye de vivre comme je l'ai toujours fait, sans vraiment y penser.

Travaillez-vous actuellement sur de nouveaux projets ou de nouveaux mangas ?

Pour l'instant, j'ai pris un peu de distance par rapport aux mangas. Je m'intéresse à des choses que j’ai toujours voulu faire, tel que le design et les illustrations de livres.

Quel message voudriez-vous adresser aux fans américains ?

Que le fait de savoir que des gens aussi loin de chez moi soient fans de Dragon Ball me remplit de joie. La méthode de réalisation des bandes dessinées au Japon est extrêmement éprouvante mais c'est également gratifiant car on peut à la fois écrire les histoires et réaliser les planches tout seul. De cette façon, il est possible de faire ressortir son individualité. Si cette idée vous interpelle, je vous invite à essayer de dessiner votre propre manga. Parce que les gens qui peuvent dessiner des mangas que les Américains aimeront vraiment sont des Américains comme vous.

Entre 1984 et 1995, à quoi a ressemblé votre programme de travail sur Dragon Ball ?

La majorité des mangas au Japon sont réalisés dans le format hebdomadaire, alors je dessinais un chapitre par semaine. [Il faut compter plus ou moins 14 pages, plus une page-titre.] Mais pour moi, ce rythme a été très dur, et je n'ai vraiment pas aimé.

Dragon Ball a évolué d'une série comique vers une série de combat. Avez-vous l'impression que votre style de dessin a évolué durant ce processus ?

Je n'en étais pas particulièrement conscient, mais mon style artistique a évolué en fonction des circonstances. Mais quand l'occasion se présente, je préfère écrire des comédies idiotes et absurdes.

J'ai entendu dire que de nombreux éléments de l'intrigue de Dragon Ball ont été influencés par des lettres de lecteurs, est-ce vrai ? Si c'est le cas, pouvez-vous nous donner un exemple concret ?

Certaines parties l’ont été, oui. Par exemple, Vegeta est d’abord apparu comme un méchant, mais parce qu’il est devenu très populaire, il est resté dans la série.

Dragon Ball semble avoir été une grande source d'influence pour des jeux video et des mangas. D’où vous est venue l'idée des techniques qui y apparaissent, comme le Kamehameha et les attaques de Ki ?

La notion de Chi a été utilisée en Chine depuis les temps anciens, mais il est censé être sans forme et invisible. Cependant, dans le manga, afin de rendre la compréhension plus facile pour tout lecteur, il était nécessaire de lui donner une forme. En ce qui concerne le Kamehameha, j'ai moi-même essayé un grand nombre de poses et finalement choisi celle qui convenait le mieux.

J'ai entendu dire que vous êtes un fan de Jackie Chan. De tous ses films, lequel est votre préféré ?

Son premier film : Drunken Master. Si je n’avais pas vu ce film, je n’aurais peut-être jamais imaginé Dragon Ball.

Etes-vous un amateur de catch ? Je pose cette question parce, dans Dragon Ball, on rencontre des personnages avec un style de catcheur comme Mister Satan.

Malheureusement, je ne suis pas vraiment amateur de catch.

Quels sont vos hobbies ? Comment passez-vous votre temps libre ?

En fait, j'ai beaucoup de hobbies, mais j’ai gardé ma passion pour le modélisme le plus longtemps. En particulier, j’aime les modèles réduits militaires.

J'ai entendu que Dragon Ball a été particulièrement inspiré par un voyage en Chine. De tous les endroits où vous avez été, lesquels sont particulièrement mémorables ? Réalisez-vous beaucoup de croquis lorsque vous voyagez ?

J'ai été à de nombreux endroits, mais l'Australie, qui offre un agréable équilibre entre la ville et les espaces naturels magnifiques, m'a beaucoup touché. Je ne dessine rien de particulier lors de mes voyages.

Questions-réponses publiées dans le guide Dragon Ball Landmark (paru en décembre 2003)

DB Landmark

Qu’est-ce que vous espérez accomplir maintenant ?

Je crois que je vais finir de construire ce modèle réduit de char en plastique.

Y-a-t-il quelqu’un que vous tenez en haute estime ?

Je suppose que c’est ma femme. J’ai l’impression que je ne peux pas gagner contre son goût et ses connaissances.

Etes-vous difficile à satisfaire quand il est question de nourriture ?

Je n’ai pas de préférences quand il s’agit de nourriture.

Quels animaux aimez-vous, et lesquels détestez-vous ?

Ceux que j’aime sont les amphibiens, et après les chiens ou les chats. Les rongeurs sont les seuls que je n’apprécie pas, mais je m’en remets maintenant que mes enfants m’ont fait acheter un hamster.

Si vous deviez résumer votre personnalité en quelques mots ?

Même moi je ne comprends pas ma personnalité.

Aimez-vous les filles ?

Les "filles" comme on les appelle ? Je les aime ! Je les adore ! Mais c’est difficile pour moi de communiquer avec elles, car il y a longtemps, lorsque...

Quel genre de fille aimez-vous ?

J’aime bien les filles masculines, affirmées. Après ça, j’aime bien les filles qui portent des lunettes.

Récemment, avez-vous eu des moments où vous avez pensé que vous étiez pervers ?

J’ai toujours pensé ça (rires). Comme quand je vois d’une façon inattendue les sous-vêtements d’une personne… ou parfois quand je vois un truc pervers dans une vidéo sur l’internet. Et j’aime aussi les histoires perverses.

Qu’avez-vous fait avec la culotte que vous aviez reçue de la part d’un lecteur ?

Je l’ai suspendue pendant un moment pour décorer, mais elle s’est colorée avec le goudron du tabac, donc je l’ai jetée. (rires)

Qu’utilisez-vous en musique de fond quand vous travaillez ?

Je n’aime pas la musique tant que ça… alors j’allume le téléviseur. Mais j’écoute souvent des trucs comme du disco à tempo rapide, ou "Queen". J’aime ces choses depuis longtemps.

Questions-réponses publiées dans le guide Dragon Ball Forever (paru en avril 2004)

DB Forever

Si vous aviez des capsules Hoi-Poi, que mettriez-vous dedans ?

J’en voudrais vraiment. Je suppose que ce serait bien si je pouvais mettre ma maison tout entière dans l’une d’elles, car cela rendrait les déménagements faciles.

Si vous aviez Kinto-un, où iriez-vous ?

Je ne serais pas capable de monter dessus. Je ne suis pas pur...

Si vous aviez l’intelligence de Bulma, que feriez-vous ?

Un transporteur serait cool. Il y a beaucoup d’endroits où je veux aller, mais y accéder est difficile.

Y-a-t-il eu des modèles pour les coupes de cheveux de Bulma ?

Non, mais j’ai essayé de changer sa coiffure à chaque tournant de l’histoire.

Lunch a-t-elle jamais réussi à retrouver Tenshinhan ?

Je me le demande... Tenshinhan l’a snobée, mais elle a persisté avec ténacité, et ils ont fini par être ensemble ! Ne pourrait-ce pas être ça ? (rires)

Que sont devenus Tsuru-Sennin et Tao Pai Pai par la suite ?

Euh... Ils se sont trouvés mêlés à une chose ou une autre et ils sont morts, mais ils étaient méchants, donc peut-être qu’ils n’ont pas été ramenés à la vie...

Quelle est la force de Mister Satan ?

Je pense qu’il est assez fort, mais... Je n’ai pas l’impression qu’il soit aussi fort que Bob Sapp [un catcheur]. (rires)

Yamcha était-il en mesure de se marier ?

J’ai toujours eu ce sentiment. (rires)

Plus tard, Vegeta est-il resté au chômage ?

Bulma est excessivement riche, donc il n’y a absolument pas besoin qu’il travaille.

Pan est forte, mais Bra l’est-elle aussi ?

Eh bien, je pense que oui.

Comment avez-vous imaginé le design des vêtements ?

J’ai observé des trucs comme les vêtements de ma femme et des magazines de mode, et je pouvais dire ce qui était populaire en regardant la télé. Ça n’aurait pas été compétent de les dessiner comme ils étaient, alors je les ai changés un peu.

Qu’est-ce qui est le plus plaisant : dessiner le corps d’une femme ou son visage ?

Le corps est plaisant à dessiner, mais je manque d’assurance.

S’il vous plaît, dites quelques mots aux jeunes gens qui aspirent à devenir mangaka.

Je pense qu’il est préférable de connaître beaucoup de choses différentes en plus des mangas. Je ne pense pas que vous pouvez devenir un mangaka si vous ne regardez rien d’autre que des mangas.

Interview publiée dans le Super exciting guide : Story Volume (paru en mars 2009)

Comment est né Gokû ?

Quand j'ai imaginé Dragon Ball, j'ai essayé de combiner les films de Jackie Chan et de Bruce Lee, que j'aimais tellement que je les regardais même pendant mon travail, avec le classique Voyage en Occident, afin de faire un manga divertissant.
Naturellement, le nom "Son Gokuh" vient du roi singe [Sun Wukong] du Voyage en Occident également. La raison pour laquelle Gokuh a une queue est aussi parce que je voulais lui donner un trait de singe. Seulement, dans le Voyage en Occident original, ils se dirigent en Inde, mais pour Dragon Ball, j'ai changé l'objectif en « rassembler sept globes appelés "dragon balls" afin de réaliser un voeu ».
Quoi qu'il en soit, mon intérêt s'est progressivement déplacé vers la croissance et la montée en puissance de Gokuh, et ça a divergé de plus en plus du concept original basé sur Le Voyage en Occident.

Pourquoi les cheveux de Gokû deviennent-ils dorés quand il devient Super Saiya ?

Pour être honnête, j'ai décidé du design du Super Saiya pour une simple raison qui va vous laisser pantois. J'ai toujours eu seulement un assistant pour m'aider dans mon travail. Cet assistant passait beaucoup de temps à remplir les cheveux de Gokuh, donc la raison principale était de gagner du temps ; car quand il était super saiya, il n'y avait pas besoin d'encrer ses cheveux. De plus, ça avait aussi l'effet de pouvoir dire d'un seul coup d'oeil que Gokuh était devenu plus fort, donc c'était faire d'une pierre deux coups.
Seulement, à l'époque, on a prétendu que sa puissance était multipliée par 50 quand il devenait super saiya, mais c'est un peu extravagant. Personnellement, en tant qu'auteur, je l'ai dessiné en ayant le sentiment qu'il était environ 10 fois plus fort qu'auparavant.

Comment vous est venu l'idée de l'entraînement ?

Concernant l'entraînement, je n'ai rien utilisé comme référence en particulier. Je pense que c'était, comparativement parlant, rempli de choses très orthodoxes que n'importe qui aurait pu trouver. Il y a également des scènes d'entraînement dans le film Drunken Master ; je suppose que cette partie est devenue une référence pour moi.
Pour Gokuh, l'entraînement de Kame-Sennin aux bonnes manières et aux études a probablement été le plus dur. Quant à moi, j'ai le vertige, donc en aucune façon je ne m'entraînerais en escaladant la tour Karin.

Comment avez-vous imaginé le Kamehameha ?

Pour le Kamehameha, j'essayais de voir si je pouvais exprimer l'énergie du "ki", qui est invisible à l'oeil nu, à la façon d'un magazine pour jeunes garçons. Quand personne n'était autour, j'ai fait une variété de poses et me suis décidé sur une qui avait l'air cool, laquelle fut celle-là. Accessoirement, pour le nom "kamehameha", je me demandais s'il y avait un nom décent du genre de "truc-bidule-ha", lorsque ma femme a dit pour blaguer « Kamehameha, ce serait pas bien ? » alors je l'ai utilisé tel quel. Bien sûr, c'est tiré du roi Kamehameha de Hawaii.
On m'a demandé si je regardais beaucoup de films d'arts martiaux pour m'inspirer de poses et de techniques. Bien que j'aie vu beaucoup de films de kung-fu, aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne m'intéresse pas tant que ça aux arts martiaux.

Quelle est la clé de la victoire dans un combat ?

En combat, le plus important est la taille du ki et le contrôle que vous en avez. La notion de ki inclut bien sûr des forces spirituelles telles que l'énergie, le courage, et la tempérance. Peu importe combien vous vous entraînez, il y a une limite à la force physique. Et le seul moyen de la surpasser est au travers du ki. Je pense que c'est en fortifiant son ki que Gokuh a été capable de s'approcher des guerriers les plus puissants de l'univers.

[Note : Le ki (ou qi en chinois, à prononcer "tchi") est considéré comme le souffle de l'esprit, l'énergie vitale. On dit qu'il circule à l'intérieur du corps, et les maîtres en arts martiaux s'entraînent à le contrôler. Le concept de "ki" englobe donc le genki (énergie, santé), le yuuki (courage), le shôki (sobriété), ainsi que d'autres notions du domaine spirituel.
Dans Dragon Ball, les personnages ont donc un niveau d'énergie donné, complété par leur état physique et leur état d'esprit ; tout ça détermine leur puissance de combat. Ainsi, un combattant sera affaibli s'il est atteint d'un trouble physique ou mental ; par exemple, s'il est blessé ou malade, s'il est effrayé, s'il n'est pas concentré ou s'il perd la maîtrise de lui-même.]

Interview publiée dans le Super exciting guide : Character Volume (paru en avril 2009)

Pourquoi les noms des personnages fonctionnent-ils par groupe ?

C'est difficile d'inventer des noms pour beaucoup de personnages. Si vous les groupez dans des ensembles, c'est plus facile d'en trouver.
Par exemple, Freeza est celui qui contrôle les Saiyas et autres vilains aliens. Strictement parlant, Freeza est un freezer mais j'avais en tête un réfrigérateur quand je l'ai nommé. Alors j'ai groupé les noms en fonction des aliments qui vont à l'intérieur. Les Saiyas sont des légumes [yasai = légume], et les membres du commando Ginyû sont des produits laitiers [gyûnyû = lait de vache].

Qu'utilisez-vous comme modèles pour le design ?

Pour les êtres vivants non-humanoïdes, avec Cell, j'ai essayé de lui donner une forme d'insecte, mais à part ça, je n'ai utilisé aucun modèle particulier. Les Nameks viennent des escargots/limaces [Namekuji = limace], mais le seul motif que j'ai utilisé, c'est les antennes.

Au fait, quel est le vrai nom de Satan ?

Mister Satan est un nom de scène, son vrai nom est différent. Le véritable nom de Mister Satan est "Mark" ["maaku" en japonais], c'est un anagramme de "akuma" [= démon/diable]. Dans la zone où Satan vit, il n'y a pas de distinction entre prénom et nom de famille, donc il s'appelle juste "Mark".
Quant à sa fille, "Videl" n'est pas un nom de scène, c'est son vrai nom. C'est un anagramme de "devil".

Comment avez-vous imaginé le cosmos en forme de globe ?

C'est quelque chose que j'ai inventé pour que moi et les lecteurs soient capables de saisir l'atmosphère du truc. La grande sphère contient le monde des vivants et celui des morts, et celui qui la surveille depuis l'extérieur est Kaiôshin. Seulement, en guise d'opposition, un Makaiôshin existe et gouverne le mal (bien qu'à présent, le pouvoir de Kaiôshin semble plus grand).

Le poste de maître Kaiô est-il héréditaire ?

Dans la grande sphère que j'ai mentionnée plus tôt, il y a une planète nommée "Kaishin" où les Kaiô sont nés et ont grandi. C'est une planète Kaiô gigantesque où maître Kaiô et ses congénères sont nés en tant que "Shin-jin" du noyau d'un fruit de l'arbre géant "Kaiju". La population de la planète est d'environ 80. Les Shin-jin ne sont ni mâles ni femelles et leur durée de vie moyenne est de 75 000 ans. Dans un château qui sert d'école, ils apprennent des choses diverses et variées, et mènent une existence facile à vivre.
Cependant, si un Kaiô meurt sur l'une des planètes Kaiô, le Kaiô suivant est choisi parmi eux par tirage au sort. Toutefois, un Kaiôshin est choisi seulement parmi ceux qui sont nés d'un fruit doré spécial, ce qui arrive rarement. En sus, il y a occasionnellement des Shin-jin délinquants au coeur maléfique ; ceux-là tombent sous le Makaiô.

Comment sont les dragon balls au toucher ?

Je pense qu'elles ont les propriétés de résines dures et naturelles. Même si on y perce un trou ou si elles sont abîmées, elles se dispersent après un voeu et redeviennent comme neuves une fois qu'elles sont réactivées.

Combien vaut un zéni en yen ? Combien coûtent les capsules hoi-poi ?

C'est facile à comprendre, je les ai envisagés pareils que les yens. Pour les capsules hoi-poi, leurs prix dépendent bien sûr de ce qu'il y a à l'intérieur. Par exemple, un aircar standard à quatre places sera de l'ordre de 1 280 000 zénis, plus 200 000 zénis de frais de mise en capsule.
Pour la plupart des choses, si vous les emmenez dans une concession Capsule Corporation, vous pouvez les faire convertir au système d'encapsulation afin de les rendre rétrécissables pour 200 000 zénis. Bien sûr, le prix est plus élevé que la moyenne pour les choses comme les maisons, qui requièrent davantage de travail pour les convertir au système d'encapsulation.

Est-ce les Nameks puisent assez de nutriments dans l'eau seule ?

Je pense que la raison pour laquelle les Nameks peuvent survivre en ne buvant que de l'eau est parce qu'ils possèdent dans leur organisme une enzyme qui convertit l'eau en substance nutritive.
Au fait, j'ai nommé "Ajissa" les plantes que cultivent les Nameks d'après les hortensias [= ajisai]. C'est parce que les escargots, les modèles des Nameks, aiment bien les hortensias.

Les Saiyas restent-ils jeunes indéfiniment ?

Les Saiyas sont une race guerrière donc leur vieillissement ralentit une fois qu'ils ont atteint un âge adapté au combat, et ils conservent une grande force pendant longtemps. Cependant, leur longévité n'est pas très différente de celle des Terriens, donc passé un certain âge, ils se fragilisent rapidement.
À propos, c'est pas comme si les coiffures des Saiyas ne changeaient jamais. Nappa est devenu chauve, après tout. L'état de leurs cheveux est le même que pour les Terriens, c'est juste que leurs propriétés sont un peu différentes.

Combien de planètes Freeza possède-t-il ? Son organisation marche-t-elle comme une entreprise ?

Les planètes qu'il possède se comptent par centaines, je pense. (Sans compter celles qu'il a détruites.)
Depuis des temps immémoriaux, les Saiyas sont une race de guerriers menant une existence violente et inhumaine, faisant fortune en attaquant de nombreuses planètes. En outre, Freeza et ses sbires ont réussi à soumettre les Saiyas à leur contrôle par la force pure. C'est le parrain du racket. Cependant, ils étaient simplement violents et n'avaient pas de fonctionnement de type "entreprise".

Si vous deviez inventer une nouvelle technique pour Gokuh, qu'est-ce que ce serait ?

Hmmm... Je pense que si une idée de nouvelle technique m'était venue, je l'aurais dessinée durant la publication. (rires)