Interviews d'Akira Toriyama de 1995

Cette page regroupe les "super interviews" de 1995 (année de la fin de Dragon Ball) publiées dans les daizenshû.

Interview publiée dans le Daizenshû 1 (recueil d'illustrations vendu en France sous le nom de Grand livre de Dragon Ball)

Tori-bot

Cet ouvrage étant une sorte de bible illustrée de Dragon Ball, nous allons cibler l'interview autour d'un seul et unique thème : votre univers graphique.
Pour commencer, nous souhaiterions savoir si vous avez sciemment changé votre dessin entre les parutions de Docteur Slump et de Dragon Ball, et si oui, pourquoi ?

En général, j'ai tendance à adapter mon dessin au scénario. Je ne supporte pas de faire deux fois de suite la même chose. J'aurais pu dessiner Dragon Ball à la manière de Docteur Slump, mais le dessin n'aurait pas collé à l'histoire. Un exemple pratique : les combats dans Dragon Ball. Plus ils faisaient rage plus il fallait que mon trait devienne simple et anguleux pour être efficace. Avec un trait plus arrondi, à la façon de Docteur Slump, ça n'aurait pas aussi bien fonctionné.
Et puis de toute façon, à la base, j'ai l'esprit tordu. Quand je reçois une lettre d'un lecteur qui m'explique que mon dessin est devenu trop anguleux et qu'il préférait mon ancien style, ça me pousse presque à en rajouter. (rires)...
A l'origine, j'étais plus un illustrateur qu'un dessinateur de BD, c'est pourquoi il m'a été difficile d'apprendre à dessiner des personnages en mouvement. Je dois vous avouer que les premières scènes du championnat des arts martiaux ont été un véritable calvaire pour moi.

On dit que dans votre atelier vous n'avez aucune documentation... Alors justement, de quoi vous êtes-vous inspiré pour dessiner ces premières scènes de combats ?

Humm... Comment j'ai fait ? Mon amour-propre m'interdisant de m'inspirer d'autres manga, je me suis souvenu de films qui avaient marqué mon enfance.

Vous trouvez encore le temps d'aller au cinéma ?

Plus depuis que j'ai des enfants. Par contre, j'essaie d'enregistrer la majorité des films qui passent à la télé, tous genres confondus. Je peux ainsi les visionner en travaillant. Dans ces conditions, il vaut mieux éviter les films sous-titrés. (rires). Je juge aux sons les scènes qui me paraissent dignes d'intérêt. Quand un film m'intéresse vraiment, je le regarde en entier, mais pour les autres je laisse la bande défiler.

Pour le scénario de Dragon Ball, vous êtes-vous inspiré de certains de vos films cultes ?

Non, pas spécialement. C'est plutôt le côté visuel des films qui m'intéresse. Par exemple, pour une scène d'explosion, il n'y a pas qu'un simple boum, mais un flash lumineux juste avant... C'est ce genre de détail qui sert à enrichir mon univers graphique.

Le style de narration employé dans Dragon Ball est tout de même très cinématographique...

Il est vrai que je suis un fanatique des films de Jackie Chan, et du rythme qui y est imposé. Pour les scènes de combats, il est difficile de trouver une meilleure référence. Pour le reste, je ne me documente que lorsque je dois dessiner des voitures ou des avions. Dans ce cas précis, l'étude de maquettes en volume m'est précieuse.

Tous les lecteurs sont impressionnés par votre faculté à déformer des modèles de voitures existants pour donner naissance à des véhicules hors du commun...

Lorsque j'essaie de reproduire précisément un véhicule existant, cela me prend énormément de temps. Il faut avoir le sens du détail. Par contre, si je décide de déformer ou de modifier la réalité, tout devient simple. En clair, je choisis toujours la solution de facilité pour me débarrasser au plus vite de mon boulot ! (rires)...
Plus sérieusement, comme mon manga est traité de façon humoristique et que les personnages principaux sont eux-mêmes caricaturaux, il doit en être de même pour ce qui les entoure.

Dans Dragon Ball, en plus des véhicules déformés, on remarque bon nombre de machines tout droit sorties de votre imagination...

C'est lorsque j'invente, que j'innove, que je prends le plus de plaisir ! (rire). Même mes créations les plus folles, j'essaie de les crédibiliser en ne laissant rien au hasard. Je les conçois comme si elles étaient destinées à fonctionner dans la réalité.

Revenons plus spécifiquement à votre dessin, et en particulier à vos mises en couleurs. Comment procédez-vous ?

J'utilise une gamme d'encres prêtes à l'emploi nommée "Ruma", c'est une dessinatrice de shôjo manga qui me l'a conseillé il y a quelques années. Auparavant, j'utilisais une encre que je devais étaler sur une assiette pour la diluer avec de l'eau avant de pouvoir l'utiliser. C'était long et fastidieux.

Quelle est votre couleur préférée ?

Le vert ! Le vert foncé italien, mais aussi le jaune et l'orange.

Le jaune et l'orange, ce sont les couleurs du kimono de Son Gokû...

Exact, mais je ne les ai choisies que parce que ce sont celles que portent les moines chinois, pas par goût personnel. Ce sont des couleurs qui portent bonheur.

Comment créez-vous vos personnages ?

Pour commencer, je pense plus à une histoire, à un univers, qu'à un personnage. Il faut d'abord créer l'ambiance, ensuite les personnages s'imposent d'eux-mêmes.
Parfois, il m'arrive après coup de regretter la naissance et l'aspect de certains de mes héros. Cell par exemple, mais c'est plus par fainéantise qu'autre chose. À chaque fois que je crois avoir terminé une histoire où il apparaît, je me rends compte que j'ai oublié de matérialiser les taches qui couvrent son corps.
Je n'aime guère les personnages dont la conception nécessite l'application de trames adhésives, surtout lorsque je dois les mettre en place moi-même. (rires)...

La couleur des vêtements de vos personnages, vous l'étudiez longuement à l'avance ?

Bof... Je fais plutôt ça au feeling, et comme je ne regarde presque jamais mes anciens dessins, il arrive que les couleurs varient sensiblement d'une planche à l'autre.

Dans cet ouvrage, vos dessins sont classés chronologiquement, ce qui permet de bien observer l'évolution de votre style au fil des années...

Je crois que cette évolution s'est faite d'une manière naturelle, sans que je m'en rende compte.
Mais chaque fois que je revois un de mes livres déjà parus, je me dis que mon dessin comme mes couleurs sont médiocres.

Vraiment ?!

Si j'avais plus de temps, je n'hésiterais pas à tout refaire. (rires)...

Vos couleurs aussi ont évolué...

En 1989, en temps que metteur en scène j'ai réalisé un dessin animé intitulé Kosuke et Rikimaru, et cela m'a servi à puiser dans les techniques d'animation pour les mises en couleurs et l'utilisation des ombres et de la lumière. Ce fut un véritable tournant dans ma carrière.

Quand vous réalisez une illustration, faites-vous le dessin au noir et la mise en couleurs d'une seule traite ?

Généralement oui. Quand je commence une illustration, je me concentre au maximum, je n'entends plus rien autour de moi. Je ne peux rien faire d'autre tant qu'elle n'est pas aboutie.

autruche.jpg

Pour terminer, quelles sont vos illustrations préférées de Dragon Ball ?

Celle où Son Gokuh et Son Gohan chevauchent une espèce d'autruche Harley Davidson.

Une seule, c'est tout ?!

Sur le plan de la composition et des couleurs, je crois me souvenir que c'est effectivement la seule... Mais vous savez, cela n'est pas étonnant, venant de quelqu'un comme moi. J'ai une nature passionnée et ce que j'aime par-dessus tout, c'est le changement, l'inattendu. Il faut sans cesse se remettre en question pour progresser. La pire chose serait que je me lasse de mon travail. C'est pourquoi je me force à faire des erreurs afin de toujours garder une marge de progression. (rires)...

Merci de nous avoir accordé un peu de votre précieux temps.

Le 21 avril 1995, à l'hôtel Uenoyama, Tokyo, Japon.

Discussion du Shen Long Times, distribué avec les Daizenshuu (1995) : Table ronde des éditeurs

torishima daimao

Kazuhiko Torishima : Directeur de l'édition du Jump, il était le responsable éditorial depuis Dr Slump jusqu'à la fin du 23e Tenkaichi Budôkai de Dragon Ball. Il semble avoir servi de modèle pour Piccolo Daimaô.

kondo freeza

Yû Kondô : Le responsable éditorial à partir de l'apparition de Raditz jusqu'au moment où Cell parvient à atteindre sa forme parfaite. Il paraît qu'il a servi de modèle pour Freeza.

takeda gros boo

Fuyuto Takeda : Le responsable éditorial à partir de l'apparition de la forme parfaite de Cell jusqu'au chapitre final de Dragon Ball. Il a continué à servir d'éditeur pour Akira Toriyama. Des rumeurs prétendent qu'il est incroyablement doué au karaoké. Cet individu a été le modèle pour le gros Boo.

Takeda : Je suis Takeda, l'éditeur actuel de M. Toriyama. Étant le dernier des éditeurs, je présiderai la discussion. Tout d'abord, il y a quelques questions que je souhaiterais poser à M. Torishima, qui avait repéré le premier manuscrit de maître Toriyama : « J'ai envoyé ceci parce que je veux gagner l'argent du prix ».Je suis sûr qu'il pourra nous éclairer là-dessus...

Torishima : Le premier manuscrit que Toriyama m'avait envoyé était une parodie de Star Wars [Mysterious Rain Jack]. Les parodies ne gagnaient pas de prix ou de récompenses, elles ne sont pas originales et il est difficile de les publier. Mais son lettrage me fit forte impression. Les onomatopées sont généralement dessinées en katakana, mais il les avait dessinées en alphabet occidental. J'avais trouvé cela très rafraîchissant, novateur et plutôt cool. Je l'ai donc contacté.

Takeda : Alors, pour ainsi dire, M. Toriyama est devenu un auteur connu à travers le monde après avoir été remarqué pour son lettrage, une facette pourtant mineure d'un manga.

Torishima : La particularité de Toriyama, c'est qu'il ne lisait jamais de mangas, mais il avait étudié des images de base en tant que designer. Le fait qu'il se soit mis à faire du manga par hasard après s'être retrouvé sans emploi est sa particularité la plus notable.

Takeda : Et ainsi, Arale-chan et Dragon Ball ont débuté. Et puis M. Kondô est devenu l'éditeur aussitôt la partie "Saiyajin" commencée. À cette époque, la popularité de Dragon Ball était explosive. Lorsque Jump organisa un sondage de popularité, Dragon Ball récolta environ 700 votes sur 1000 !

Kondô : Non, 815 votes. C'était au cours de la partie "Freeza".

Takeda : C'est un taux de popularité exceptionnel, mais qu'en est-il du style graphique de cette période ?

Kondô : C'était au moment où le style commençait à changer. Au début de sa publication, l'histoire était comique, c'est pourquoi les lignes étaient rondes. Ensuite, avec le Tenkaichi Budôkai, la série a été davantage orientée côté combat, et ce de plus en plus ; alors l'accent devait être mis là-dessus. Un trait arrondi ne convenait pas pour donner une impression de vitesse ou d'intensité. Dès qu'il réalisa cela, le trait rond devint plus anguleux, plus aiguisé. Quand c'est arrivé, j'ai demandé à maître Toriyama « Ces traits ne sont-ils pas un peu trop rigides, maintenant ? » et il m'a répondu « Non, si je ne les fais pas ainsi, il n'y a aucune sensation de vitesse ».

Takeda : Je vois. À propos des dessins, je demandais souvent à maître Toriyama pourquoi le paysage était relativement clairsemé, et il me disait que dessiner des choses comme des villes était trop pénible. Je lui avais également demandé pourquoi les cheveux de Gokuh devenaient blancs quand il se transformait en Super Saiya, et il m'avait répondu que c'était parce c'était trop fastidieux de noircir les cheveux. (rires) Était-ce vraiment la seule raison ?

Torishima : C'était la seule raison. (rires) Dans Dr Slump, les décors étaient constitués de montagnes rondes et de quelques arbres. Je lui avais demandé « Pourquoi ce paysage ? » et il m'avait répondu « Parce que c'est le plus simple ».

Kondô : C'est surtout visible au premier coup d'oeil. Lorsque Gokuh se transformait en Super Saiya, si ses cheveux devenaient blancs, tout le monde pouvait deviner qu'il s'agissait d'une transformation. Avec Kame-Sennin, il avait "kame" d'écrit dans le dos. Tout était fait pour faciliter la compréhension.

Torishima : Toriyama venait de la filière du design donc il excellait dans cette sensibilité. Il maîtrisait l'équilibre entre le noir et le blanc. Il disait qu'il n'avait pas assez d'argent pour acheter des trames puisqu'il vivait à la campagne. Comme il n'en utilisait pas, sa matière première est devenue le noir et blanc. C'est pourquoi il maîtrise aussi bien les zones noires que les zones blanches. Bien que l'on puisse dire que dessiner beaucoup d'arrière-plans est difficile, il faut cependant reconnaître qu'il a le talent nécessaire en composition et en design pour créer une scène sans en faire usage.

Takeda : Je change un peu de sujet, mais lorsqu'on lui a demandé quelle était son illustration préférée parmi toutes celles qu'il avait dessinées en dix ans de Dragon Ball, il semble n'y en avoir eu qu'une seule.

Torishima : Il s'agissait de celle avec Gokû et Gohan conduisant une moto munie de jambes.

Takeda : C'est vrai. Il disait que la composition et l'équilibre étaient bons, et que c'était la seule dont il était pleinement satisfait. Elle est vraiment super et tout, mais je ne crois pas qu'elle mérite d'être à la hauteur de cette déclaration. Qu'en pensez-vous ?

Kondô : Je suis en partie en désaccord. Cette difficulté à équilibrer une image est figée dans un seul instant. Les couleurs ne laissent-elles pas une vive impression ? C'est complètement différent de la coloration du commencement.

Torishima : Tout comme ce que je disais précédemment à propos de son trait, sa manière de peindre les couleurs aussi a changé. Il continuera à utiliser ce style de peinture jusqu'à ce qu'il en ait assez, tout comme il a décidé de cesser d'utiliser son style précédent.

Takeda : Pouvez-vous distinguer ce changement dans les couleurs entre la période du premier et du second éditeur ?

Kondô : Dr Slump était très luxuriant. Du paysage aux personnages, tout était plein de couleurs, mais avec Dragon Ball les décors étaient très sommaires et il y avait beaucoup de gris et de brun clair. De même pour ce que portait Gokû et les autres. Ce faisant, il était inévitable que cela devienne presque monotone.

Torishima : Au cours de Dr Slump, il utilisait des marqueurs puis les a changés pour de l'encre couleur au milieu de l'histoire. Je lui ai alors dit « Eh bien, on dirait presque un mangaka professionnel » et il m'a dit « J'ai une femme, à présent. Je suis marié ». (rires)

Takeda : C'est parce que sa femme était aussi mangaka. Maintenant que j'y pense, M. Kondô n'a-t-il pas repeint une des illustrations du maître ?

Kondô : L'illustration de couverture ?

Takeda : C'est cela, oui.

Kondô : Vous avez mal entendu. En fait, j'ai redessiné l'illustration. (rires) Pour la couverture de la première collection d'illustrations de M. Toriyama, j'ai pensé qu'une image de dragon conviendrait bien. M. Toriyama a donc dessiné la chose entière sur une seule feuille de papier, avec des écailles comme le dragon King Ghidra. Ça m'a conduit à penser que c'était un peu faible pour une couverture. Il semble que ce fut un grand choc pour lui. (rires)

Takeda : Ensuite, je suis devenu éditeur peu après l'apparition de Cell.

Torishima : Vous situez qui était éditeur à l'époque par rapport aux personnages ennemis. Après avoir exercé ce poste pendant un moment, vous finissez par apparaître comme un ennemi. (rires)

Kondô : Je pense que M. Torishima et Takeda illustrent bien cela. (rires)

Takeda : M. Kondô a déclaré lui-même qu'il était Trunks, mais c'est impossible. M. Kondô est Freeza. Vous ne pouvez pas changer cette image. (rires)

table ronde

Pour la seconde partie de la table ronde des éditeurs, cette fois, maître Toriyama, de passage à Tokyo, s'est joint à la discussion.

Toriyama

Takeda : Cette fois, je pense que nous allons nous concentrer davantage sur les coulisses de l'histoire de Dragon Ball. Je pense que maître Toriyama aura des choses à dire là-dessus, mais commençons par M. Torishima. La popularité de Dragon Ball fut-elle immédiate, dès le premier chapitre ?

Torishima : Alors que nous réfléchissions à quel pourrait être son prochain travail sérialisé lorsque Dr Slump prendrait fin, Toriyama dessina divers one-shot pour Weekly Jump et Monthly Fresh Jump.

Toriyama : J'en ai dessiné un paquet, en effet. Et j'ai eu je ne sais combien de réunions laborieuses avec M. Torishima.

Torishima : Mais elles n'ont pas été très fructueuses.

Toriyama : Bien qu'elles aient été très rigoureuses. (rires)

Torishima : Puis, lorsque Dr Slump fut achevé, il y eut de très bons retours sur Dragon Boy, dessiné sans véritables concertations préalables.

Toriyama : Avec ces échos positifs, j'ai senti qu'il y avait une piste, que cela pouvait marcher. Et cette fois, je voulais un garçon comme héros.

Takeda : Puis la prépublication débuta. Mais jusqu'où aviez-vous déjà établi l'histoire au départ ?

Toriyama : Je n'y avais pas songé du tout. J'avais pensé que cela s'arrêterait au bout d'un an, et je n'avais préparé des story-boards que pour trois chapitres uniquement.

Torishima : C'est exact. D'habitude, on en prépare davantage. Avec maître Toriyama, les esquisses font office de story-boards.

Kondô : Normalement, il y a un story-board de mise en page avec les cases disposées et dessinées dans les grandes lignes, pour aider à trouver le brouillon. C'est pourquoi il est toujours utile d'en faire, que l'on apporte des modifications ou non. Mais Toriyama est un génie de la correction. En corrigeant juste une case, l'ensemble laisse soudainement une toute nouvelle impression.

Toriyama : Non, c'est juste que corriger des choses, c'est fatiguant. En général, j'arrive à m'en tirer avec un minimum de corrections. (rires)

Torishima : Je change quelque peu de sujet, mais je pense que la plus grande crise qui s'est produite pendant la prépublication fut lorsqu'il m'avertit que Gokû allait grandir. Maître Toriyama menaçait de ne pas pouvoir continuer la prépublication si Gokû ne grandissait pas. (rires) C'était terrible d'aborder le sujet comme ça. « C'est bon, vous pouvez faire grandir votre héros, pas la peine de me faire peur comme ça ! » lui ai-je dit.

Takeda : Vous avez donc pris les dispositions nécessaires.

Torishima : Mais c'était aller à l'encontre du dogme du manga. L'impression que chaque personnage laisse est le fondement de son attrait. J'étais très nerveux, donc le jour de la sortie je me suis rendu au service d'édition avant huit heures du matin et j'ai attendu les coups de fils des lecteurs mécontents. (rires) Mais il n'y en a eu aucun. Les lecteurs semblaient l'avoir accepté.

Takeda : À l'origine, les lecteurs considéraient Gokû comme mignon, puis il devint "cool" à leurs yeux.

Torishima : Gokû a grandi puis, pendant le mandat de Kondô, Vegeta est apparu et le nombre de lectrices a grimpé en flèche. (rires)

Kondô : C'est parce qu'avant de venir chez Jump, je travaillais pour un magazine shôjo. (rires) Après que je sois devenu responsable d'édition, nous avons décidé dans quelle direction l'histoire devait progresser. Les combats devaient monter en puissance, c'est tout ce qu'il fallait. Je ne crois pas qu'il y avait besoin d'éléments supplémentaires.

Takeda : Mais durant cette période, le maître a commencé à essayer de rendre Dragon Ball encore plus populaire à travers son scénario. Et cela a certainement porté ses fruits.

Toriyama : À cette époque, il devint même plus amusant d'élaborer l'histoire que de dessiner. Mais au niveau de l'histoire, je l'imaginais uniquement chapitre par chapitre. C'est pourquoi j'ai fini par me retrouver pris au piège dans ce dédale. (rires) Aux alentours du voyage dans le temps de Trunks, c'était affreux. Plus je continuais à dessiner, et plus il me semblait que l'ensemble devenait incohérent.

Torishima : Vous n'auriez pas pu faire ça si Kondô n'était pas votre éditeur. Je ne supporte pas ce genre d'intrigues à problèmes. (rires)

Toriyama : Vous êtes atroce, M. Torishima. Je me souviens que lors de l'apparition des cyborgs numéro 19 et 20, vous n'étiez plus mon éditeur ni rien du tout, mais vous m'aviez tout de même téléphoné pour me dire : « Je pensais que les ennemis allaient enfin venir, mais ne sont-ce pas là qu'un vieillard et un gras-double ? » (rires) En vérité, je n'avais rien prévu à part ces deux androïdes. Mais il n'y avait rien à faire, alors j'ai fait apparaître N°17 et N°18. Puis vous m'avez appelé une nouvelle fois pour me dire : « Quoi, juste des morveux cette fois-ci ? » J'ai donc fait apparaître Cell.

Takeda : Donc, vous n'aviez pas prévu de faire apparaître Cell du tout ?

Toriyama : Exact. J'aimais bien N°19 et N°20, ils me suffisaient. Et j'aimais le Cell initial tout autant.

Takeda : Celui en forme d'insecte ?

Toriyama : Mais M. Kondô a déclaré : « Il est moche. Il peut se transformer, pas vrai ? » Donc je n'ai eu d'autre choix que de lui donner sa seconde apparence.

Kondô : Ça s'est vraiment passé comme ça ?

Toriyama : Et puis vous avez été vraiment impitoyable, M. Kondô. « Ne ressemble-t-il pas à un crétin complet, cette fois ? Dépêchez-vous de lui donner sa forme parfaite » m'avez-vous dit.

Kondô : Mais il avait vraiment une tête de crétin. (rires)

Toriyama : J'étais assez satisfait de la deuxième forme de Cell. En fait, j'avais voulu qu'il joue un rôle plus actif. Mais puisqu'on m'avait dit qu'il avait l'air stupide, je n'ai eu d'autre choix que de le changer rapidement. (rires) Je lui ai donc donné cette apparence cool, sa forme parfaite qui avait les faveurs de M. Kondô.

Interview publiée dans le Daizenshuu 2 (Story guide)

Tori-bot

Ce volume étant un guide de l'histoire, je voudrais vous interroger sur l'histoire de Dragon Ball. Tout d'abord, pourquoi avez-vous commencé Dragon Ball ?

Dragon Boy

Je venais de terminer Dr Slump et en même temps, je me demandais ce que je pourrais bien faire pour mon prochain ouvrage. J'ai eu de nombreuses réunions avec mon éditeur de l'époque, M. Torishima. En l'occurrence, à cette époque, j'aimais beaucoup les films de Jackie Chan et j'avais déjà vu Drunken Master des dizaines de fois. Puisque j'aimais ce genre de choses, M. Torishima m'a conseillé d'essayer de faire un manga de kung-fu, donc j'ai dessiné un one-shot appelé Dragon Boy. Les lecteurs ont eu une réaction incroyablement positive, alors j'ai décidé d'emprunter cette voie pour mon prochain ouvrage sérialisé.

Alors c'est à partir de là que vous avez commencé à penser sérieusement à votre prochain ouvrage ?

Puisque Dr Slump avait été dans un décor occidental, j'ai décidé de changer cette impression et de construire mon nouveau travail dans un décor chinois. Pour lui donner un sens chinois, j'ai pensé que je pourrais baser l'histoire sur Le Voyage en Occident. Après tout, Le Voyage en Occident est absurde et contient des éléments d'aventure, donc j'ai décidé de faire un Voyage en Occident légèrement modernisé. Je pensais que ce serait facile si cette histoire servait de fondement, puisque tout ce que j'aurais à faire serait d'arranger les choses. (rires)

À en juger par vos premières ébauches, il semblait que Goku allait être effectivement un singe.

Sun Wukong - Son Gokuh

Ouais, pour qu'il soit complètement comme dans Le Voyage en Occident. Seulement, ce n'était pas très novateur, alors j'ai décidé que le personnage serait un humain, et j'ai fait de lui un garçon ordinaire. Mais je voulais qu'il ait une sorte de caractéristique physique distinctive. Le héros de Dragon Boy avait des ailes, alors je voulais une particularité dans ce sens, où l'on pouvait dire que c'était lui rien qu'en le voyant. Donc j'ai donné une queue à Gokuh. Ainsi, même s'il était caché derrière un rocher, si on pouvait encore voir sa queue, on pourrait savoir que c'était Gokuh.
De là, j'ai ajouté les dragon balls : si vous les aviez rassemblés tous les sept, votre voeu était exaucé. Je pensais que si les personnages partaient à leur recherche, ils pourraient entreprendre un voyage comme celui du Voyage en Occident.

Voyage en Occident version Toriyama

Et donc, quand vous avez commencé à le publier, jusqu'avant le championnat du monde des arts martiaux, vous aviez vraiment Le Voyage en Occident à l'esprit.

Bulma était Tripitaka, Wulong était Zhu Bajie, et Yamcha était Sha Wujing. Je pensais initialement que j'allais terminer la série après qu'ils aient fini de collecter les dragon balls.

Et puis le championnat du monde des arts martiaux a commencé. Mais pourquoi avez-vous fait ce genre d'évolution ?

Jusqu'au commencement du championnat, la série n'avait pas été très populaire. C'est ce que m'a dit M. Torishima. « Votre personnage est plutôt quelconque, voilà pourquoi il n'est pas populaire ». Personnellement, puisque je faisais une histoire de combat pour cette série, j'avais créé intentionnellement des vêtements excessivement simples. Ça m'a donc embêté, mais j'ai fini par comprendre. « Eh bien, nous allons augmenter sa popularité » ai-je pensé.
Quand j'avais conçu le personnage de Gokuh, les mots qui le représentaient le mieux étaient « je veux devenir fort », alors j'ai pensé mettre cela en avant. Même pendant Dr Slump, les événements de type tournoi tels que le Penguin Village Grand Prix ou le Mini-Concours avaient été extraordinairement populaires. Alors j'ai simplement fait l'histoire dans un format de tournoi. Le Tenkaichi Budôkai était né.
J'ai retiré temporairement les autres personnages excepté Gokuh, ramené Kame-Sennin, et ajouté Krilin comme nouveau personnage. À partir de là, la série a gagné en popularité avant même que je sois au courant.

Pourtant, Gokû n'a pas gagné le championnat, alors que la plupart des héros de BD l'aurait fait.

Ouais, il lui a fallu jusqu'à sa troisième tentative pour gagner enfin. Tout le monde autour de moi disait « Je suis sûr que Gokuh va gagner à la fin ». Mais même si j'avais voulu qu'il gagne, puisqu'ils me disaient ça alors que je suis récalcitrant, j'ai pensé « Comme si j'allais le laisser gagner ! » (rires).

Muscle Tower

Le championnat du monde des arts martiaux a donc été le premier tournant de l'histoire. Et puis vous avez introduit l'armée du Red Ribbon.

À cette époque, il y avait un jeu de Famicom appelé Spartan X auquel je jouais souvent. Des ennemis de plus en plus forts arrivaient rapidement et il fallait les battre. C'était même basé sur un film de kung-fu. Jouer à cela m'a permis de montrer une intrigue et des visuels différents de ceux du tournoi. C'est là d'où vient la Muscle Tower.

[NDT : les éléments du jeu qui ont inspiré la Muscle Tower ont en fait été tirés du dernier film de Bruce Lee (Le Jeu de la mort) où le héros doit se frayer un chemin à travers une pagode de 5 étages et dans laquelle il affronte un ennemi redoutable à chaque étage].

Et puis, enfin, Piccolo Daimaô est apparu.

Avec tous les méchants, jusqu'à ce point, il y avait toujours quelque chose de sympathique à leur sujet. Alors j'ai essayé de créer un type vraiment maléfique et Piccolo Daimaô est né. Cette période a été la plus intéressante à dessiner.

Dès lors, les personnages ennemis ont rapidement commencé à monter en puissance.

Devenus les plus forts sur la Terre, Gokuh et Cie ont également battu les Saiya-jin qui étaient extra-terrestres, puis sont sortis dans l'univers. J'ai imaginé Freeza à l'époque de la Bulle [la bulle spéculative japonaise], où le bailleur était la pire de toutes les personnes. Alors j'ai fait de lui le bailleur N°1 de l'univers.
Mais la simple escalade des ennemis était une souffrance, alors j'ai mis en valeur le commando Ginyû. Mon fils adorait les sentai [NDT : programmes télévisés qui mettaient en scène une équipe de héros costumés (au nombre de cinq, la plupart du temps) combattant des monstres], et je regardais toujours avec lui. J'ai donc décidé d'introduire quelque chose comme ça. Ce genre de trucs était réalisé par la Toei, qui a aussi fait l'animé Dragon Ball Z. (rires)

Les prochains à apparaître étaient les cyborgs et Cell.

Puisqu'ils étaient devenus les plus forts, même dans l'univers, ils n'avaient plus qu'à surpasser le temps. Alors j'ai eu l'idée des voyages dans le temps, mais c'était vraiment dur. Des paradoxes temporels ? Je me suis vite enlisé. Je réfléchissais seulement sur ce qui allait se passer dans la semaine, je ne savais même pas ce qui allait se produire la semaine d'après. Puisque je dessinais l'histoire de cette façon, je consultais toujours mon éditeur pour voir ce que je devais faire la semaine suivante. (rires)

À la fin de la saga Cell, tout le monde sentait que vous mettriez Gohan dans le rôle de premier plan.

J'avais l'intention de mettre Gohan dans le rôle principal, mais ça n'a pas marché. J'ai senti que, comparé à Gokuh, il n'était finalement pas adapté pour ce rôle.

Soit dit en passant, quel est votre personnage préféré ?

Hmm, je pense que j'apprécie Piccolo le plus, après tout. De tous les ennemis, Piccolo Daimaô est celui que j'aime le plus. Mais j'aime aussi Gokuh presque autant que lui.
Vegeta... Eh bien, je ne l'aime pas tant que ça, mais il s'est avéré extrêmement utile de l'avoir dans les parages.
Et récemment, c'était très amusant de dessiner Satan. Lorsque je l'ai dessiné pour la première fois, je ne pensais pas que je finirais par faire de lui un personnage aussi important. J'avais prévu qu'il soit juste un personnage one-shot. Mais réfléchir à des gags stupides est bien plus agréable que de faire les scènes de combat. (rires)

Tout a vraiment décollé avec Gotenks. Une légende raconte qu'à l'époque, votre éditeur M. Takeda éclatait de rire quand il voyait les story-boards chaque semaine dans la maison d'édition. (rires)

Je suppose que je suis un dessinateur de mangas humoristiques après tout. (rires)
Mais ce qui me tracasse, c'est qu'il y a toujours un tas de gens contre un seul ennemi. Quand on y pense, c'est injuste...(rires)... Ils peuvent alors se liguer contre lui, ça semble assez lâche, n'est-ce pas ? (rires)

Alors c'est comme la réplique de Gokû à la fin de la bataille contre Majin Boo.

Tout à fait. Il disait « Tu t'es battu tout seul ». Peu importe le genre d'adversaires qu'il y avait, je suppose que Gokuh voulait les affronter seul à seul.

En parcourant l'oeuvre entière, c'est ce que Gokû a toujours souhaité. Cette conversation a été très utile, je vous remercie beaucoup.

Le 23 mai 1995, au restaurant chinois Rougairou, Tsukuba, Ibaraki, Japon.

Interview publiée dans le Daizenshû 3 (TV animation part 1)

Tori-bot

Pour la troisième super interview, je voudrais centrer la discussion sur l'animation télé. Pour commencer, regardez-vous l'animé Dragon Ball ?

Oui, je regarde avec mes enfants, pendant le dîner, par exemple.

Regardez-vous comme un spectateur ordinaire plutôt qu'en tant que "l'auteur" ?

Oui. Mais, lorsque je regarde pendant les repas, je fais souvent des observations comme « Ah, ils ont fait ça pour cette scène. » Par conséquent, peut-être que je ne réponds pas exactement à la définition d'un "spectateur ordinaire".

Vos idées et vos concepts prennent-ils vie dans les épisodes animés diffusés à la télévision ?

Il y a des moments où mes idées parviennent au coup par coup, via mon éditeur, aux animateurs de la Toei. D'autres fois, quand je n'ai pas la main sur une histoire, dès que les épisodes sont diffusés à la télé, je suis excité à l'avance. Tout en regardant, je me dirais « oh, c'est cool aussi ».

Avez-vous toujours à l'esprit les moindres détails des plans de l'histoire animée qui ne figurent pas dans la version imprimée originale ?

Je fournis généralement les plans qui sont censés capturer l'essentiel de l'histoire. Par exemple, pour la partie d'un épisode qui va sauter de cinq ans dans le futur, je crée les grandes lignes : « Ces choses doivent se produire au cours de ces cinq années. »

Cricket

Avez-vous déjà soumis des idées pour les personnages propres à l'animé ?

Un autre personnage était réclamé pour les épisodes où Gokuh était formé par maître Kaiô, donc j'en ai créé un nommé Gregory.

Lorsque la décision de faire de Dragon Ball une série télévisée animée a été adoptée, n'aviez-vous aucune stipulation à faire à ce sujet ?

Au début, je n'avais vraiment rien à dire. Je suis habituellement un genre de personne non-interventionniste, mais après avoir vu l'émission même, j'ai voulu que Dragon Ball ressemble davantage à du fantastique. Je me souviens d'avoir fait cette suggestion. En fait, je laisse faire les animateurs, et je fais seulement des apports quand je sens que j'en ai vraiment besoin.

Avec l'animation Dragon Ball, y a-t-il des rôles auxquels vous avez vous-même participé directement ?

Lorsque les animateurs de la Toei avaient bessoin d'informations sur les couleurs d'un personnage qui n'apparaissait pas en couleur dans la prépublication, je leur transmettais mes réponses via le service d'édition.
En outre, il était de mon devoir d'écouter les cassettes d'audition et de décider des rôles pour les voix. Au moment de prendre une décision pour la voix de Gokuh, j'ai écouté cinq ou six candidats avant de me décider finalement pour madame Masako Nozawa.

Quelle a été votre impression lorsque vous avez vraiment entendu la voix de Gokû quand l'émission a été enfin diffusée ?

Nozawa

« Voilà comment sonne la voix de Gokuh » ai-je pensé. Par la suite, chaque fois que je m'asseyais pour dessiner le manga, sa voix me revenait à l'esprit. Lorsque cela se produisait, la voix était exactement comme celle de Nozawa, alors j'ai pensé « Elle est bonne, maintenant, Gokuh et Mme Nozawa ne font plus qu'un, au point que je ne peux pas les dissocier. »

Et avez-vous choisi les voix pour les autres personnages ?

J'ai participé au processus de sélection des voix pour les personnages principaux. J'ai aussi nommé tout spécialement Tanaka Mayumi pour la voix de Krilin. Quand j'ai regardé Ginga Tetsudou-no Yoru, j'ai trouvé que la voix du personnage principal était une belle voix, et un de mes amis qui s'y connaissait en doublage m'a informé que la voix était Tanaka Mayumi.

Toriyama doubleur

Avez-vous visité le studio de production du dessin animé ou le site de post-enregistrement ?

Environ deux ou trois ans après le début de la série Dragon Ball, je suis allé au site de pré-enregistrement. J'ai visité l'endroit où ils enregistraient les voix et, honnêtement, mon avis a été : « Quelle tâche ardue ! »

Avez-vous déjà pensé à vous essayer au doublage ?

Pas du tout ! Pas question !! Jamais de la vie !! (explose de rire)
Je ne pourrais jamais faire une chose pareille !

Quelles sont vos réflexions sur le fait que les « images bougent » dans l'animé ?

Je suis toujours impressionné, les animateurs sont incroyables. Ils doivent dessiner les étapes entre un mouvement et un autre, donc je suis impressionné qu'ils puissent si bien coller au timing. C'est quelque chose que je ne peux pas imiter. Aussi, je suis jaloux de la façon dont le dessin animé peut rendre si bien les mouvements brusques.

Que pensez-vous de la façon dont les techniques spéciales sont rendues en effets spéciaux ?

Je suis très envieux du fait qu'ils puissent utiliser "la lumière". En dessin animé, une scène avec une explosion peut être rendue avec un éclat de lumière et le son, mais avec les mangas, la seule chose que je puisse faire est de mettre une onomatopée pour une explosion, ça manque un peu de punch. (rires)

Dois-je en déduire que le domaine des sons vous préoccupe ?

Oui ! Le fait qu'ils puissent utiliser des effets sonores comme les explosions ainsi que des musiques de fond me rend jaloux.

Lorsque vous dessinez le manga, n'essayez-vous jamais d'assortir des pistes sonores avec les scènes que vous dessinez ?

Non, cela n'arrive jamais. Cependant, en regardant la série animée, et après audition de la bande sonore de l'atmosphère d'une scène, je commente souvent : « C'est beau ». En vérité, avec le manga, je ne peux pas dessiner tout en fredonnant "fa la la la". (rires) J'aurais l'air d'un idiot (rires).

Avez-vous des musiques qui évoquent l'image de Gokû ?

Hmmm. Je ne suis pas sûr. En tout cas, je pense que la musique serait probablement vive, avec un bon tempo ; le tempo serait optimiste tout en ayant un air insouciant.

Quand vous dessinez le manga, vous arrive-t-il de prononcer certaines répliques à haute voix ?

Je ne prononce pas les paroles mais, inconsciemment, mon visage mime les expressions faciales des personnages que je dessine. (rires). Mon assistant et mon épouse me l'ont fait remarquer. Au cours des scènes de combat, quand un personnage fait la grimace, vous savez, "grrr", il arrive que mon visage s'étire de la même façon, "grrr" (rires). Par conséquent, après coup, mon visage est courbaturé. (rires) Je suppose que je suis un type qui se laisse facilement entraîner dans l'histoire.

Après avoir vu Dragon Ball animé, y a-t-il eu des influences sur votre travail sur le manga ?

J'ai travaillé une fois avec le directeur d'animation Toyo'o Ashida, et après lui avoir parlé et avoir vu certains de ses travaux animés, j'ai réalisé que « des lignes plus fines sont mieux pour rendre les combats ». Également avec les couleurs, jusqu'alors, j'avais l'habitude de les fondre ensemble, mais ensuite, j'ai commencé à distinguer nettement la transition des couleurs, tout comme dans les animés. J'ai découvert que la différenciation des couleurs avait un tout autre effet que le mélange des couleurs. En outre, la coloration nette semblait plus appropriée à un shônen, et colorier est également devenu plus facile pour moi. C'est la double influence de M. Ashida et de l'animé.

Avez-vous déjà vu des versions étrangères de la série télé Dragon Ball ?

Je n'en ai pas vues directement mais j'ai vu certains extraits qui ont été présentés dans un programme télé spécial. Ça faisait très bizarre, mais je me suis dit « Bah, pourquoi pas ? ». En particulier, j'ai vu une scène où Gokuh était en train de manger quelque chose et s'exclamait « Mmm. c'est bon ! » [en français], et je ne pouvais m'empêcher de penser que ça n'allait tout simplement pas bien ensemble. (rires)

Regardez-vous des Tokusatsu [sentai] ?

À l'époque où je faisais les épisodes du "Ginyû Tokusentai", mes gamins les regardaient, alors je venais regarder un moment avec eux. Les Tokusatsu sont assez drôles.

Est-ce que les poses du Ginyû Tokusentai sont le résultat de l'influence des Tokusatsu ?

Ouaip. (rires)

Astro Boy

Regardiez-vous des dessins animés étant enfant ?

J'ai regardé des animés comme Tetsuwan Atom [Astro Boy] et Tetsujin 28 Gô jusqu'en huitième environ. Plus tard dans mes années de primaire, j'aimais bien regarder des trucs de monstres géants et des films d'action, et au collège, j'ai commencé à regarder des films classiques.

Iyami chiieeeer

Gokuh chiieeeer

Vous rappelez-vous le premier animé que vous avez vu ?

Je ne me souviens plus du premier que j'ai vu, mais un qui m'a vraiment laissé une forte impression a été Tetsuwan Atom. Je voulais commander des autocollants Atom par correspondance et les collectionner avidement.
Plus tard, j'ai vu Les 101 Dalmatiens, je me souviens que cette oeuvre avait aussi de merveilleux dessins.
J'ai aussi vu, à la télévision, des émissions comme Osomatsu-kun. Nous adorions tous imiter la pose du personnage Iyami : "Chieeer !" (rires)
En outre, j'ai bien aimé Eightman.

Que pensez-vous de Dragon Ball, dont la popularité est aujourd'hui comparable à celle du Tetsuwan Atom d'antan ?

Est-ce vrai ?

Oui, ça l'est ! (énorme rire) Eh bien, maintenant que nous avons beaucoup ri, je voudrais clôturer cette interview. Merci beaucoup de m'avoir accordé tout ce temps.

Le 5 juin 1995, au domicile d'Akira Toriyama.

Interview publiée dans le Daizenshû 5 (TV animation part 2)

Tori-bot

Après que Dragon Ball soit devenu un dessin animé, avez-vous perçu des changements dans sa foule de fans ?

Je n'ai pas senti de forts changements. Ce qui a un peu changé a été le développement du fan-doublage et l'augmentation du nombre d'admiratrices.

Lisez-vous les courriers de fans ?

Pas tous, mais j'en lis.

Quel type de contenu trouvez-vous dans la plupart des courriers ?

Les filles ont généralement tendance à parler d'elles-mêmes. Quelque chose comme « J'ai tel âge, mon signe astrologique est... » Aussi, il y a un nombre excessif de petits coeurs. (rires)
Les garçons ont tendance à être assez directs, comme dans : « S'il vous plaît, ajoutez un personnage ennemi comme ça ».

De tels avis de fans ont-ils eu une incidence sur le manga ?

En termes de trahison des attentes des fans, oui. Par exemple, si beaucoup de gens disaient « Ne tuez pas Vegeta », alors je le tuais délibérément. (rires)

Je voudrais poser quelques questions sur l'animation télé Dragon Ball Z. L'histoire avait atteint sa seconde moitié mais y a-t-il quelque chose qui a laissé une profonde impression sur vous ?

En entendant mon éditeur me dire que, dans les scènes où Gokuh, Gohan et Goten apparaissent tous à la fois, « Masako Nozawa faisait les trois rôles elle-même », je me suis dit : « Incroyable ! » Bien sûr, elle ne peut pas faire des parties où les trois voix se chevauchent, mais à des endroits où il y a un espace entre les paroles, elle transforme instantanément sa voix.
De plus, lorsque j'ai appris que Mme Nozawa différenciait les voix du jeune Gohan et de Goten, j'ai été encore plus surpris. Je croyais que, après que Gohan soit devenu adolescent, elle utiliserait une voix d'ado pour lui et utiliserait l'ancienne voix de Gohan pour faire parler Goten, mais au contraire, elle a utilisé une voix complètement différente.

Dans ce cas, l'ancienne voix de Gokû est probablement différente de celle de Gohan quand il était petit et de celle de Goten maintenant.

C'est probablement vrai. Je pense que l'ancienne voix de Gokuh était plus sauvage et énergique.

Dans votre esprit, les voix de Gohan et de Goten étaient-elles faites pour être jouées également par Mme Nozawa ?

Non, je me demandais ce qu'ils allaient faire. Plus tard, quand Mme Nozawa a continué et fait leurs rôles, j'ai senti que les voix de Gohan et de Goten devraient être Nozawa après tout.

De la même manière, Takeshi Kusao a joué Trunks adolescent et le petit Trunks.

Il a été difficile de décider de la voix du jeune Trunks. Le producteur de la Toei animation consultait le personnel d'édition : « Peut-être que nous devrions aller de l'avant et changer le comédien de doublage. » À ce moment, nous n'étions pas sûrs de la façon dont l'histoire du manga se terminerait : le jeune Trunks pourrait finir par grandir et l'histoire pourrait continuer à la même période où le Trunks adolescent est retourné vers le futur ; et ensuite ça aurait été bizarre si les voix avaient changé.
Donc, nous nous sommes décidés pour Kusao. Après avoir écouté 2 ou 3 fois, nous avons senti que c'était le bon choix.

Après l'apparition de Goten et Trunks, il semble y avoir eu plus de scènes burlesques entre les batailles.

Je tourne les choses en dérision pour cacher mon embarras. (rires)
Personnellement, je n'aime pas ça quand il y a une histoire sérieuse et que ça devient trop dramatique ; il semble que ma tension devient trop élevée. Je crois que le manga devrait rester un pur divertissement.

Et donc, la "fusion" est un exemple de cette philosophie ?

J'ai pris du bon temps en dessinant la fusion. Ça faisait longtemps que je n'avais pas dessiné quelque chose de manière aussi enjouée.

Avez-vous pratiqué la fusion vous-même ?

Oui, je l'ai fait ! (rires) Je ne pouvais pas calculer des choses comme les mouvements des bras, donc j'ai moi-même pratiqué en secret, « Comme ça ? » ou « Faut faire combien de pas ? » (rires) Quand vous effectuez vraiment les mouvements de la fusion, vous découvrez que vous faites trois pas.

Est-ce que vos enfants l'ont fait aussi à la maison ?

Oui. Ils se sont bien amusés avec la fusion.

Quand vos enfants regardent la télévision, disent-ils quelque chose à propos du dessin animé ?

Il [le fils d'Akira Toriyama (Sasuke)] comprend que je dessine Dragon Ball, mais il semble être perplexe du fait que je ne dessine pas pour le programme télé. « Papa, tu dessines Dragon Ball, mais je ne t'ai jamais vu dessiner ces scènes-là. » Alors je lui explique : « Celles-ci sont dessinées par des personnes d'une entreprise différente. » Dernièrement, cependant, il semble s'y être fait.

Au fait, vous arrive-t-il de jouer à des jeux video ?

J'y joue un peu. Récemment, j'ai joué à Tekken sur PlayStation chez Katsura-kun. Mais je ne suis vraiment pas doué. Je ne vous dirai pas les résultats. (rires) Les jeux de combat ne me plaisent pas tellement.

Quel genre de jeux aimez-vous ?

Autrefois, je jouais souvent à des jeux de rôles, mais quand vous commencez un RPG, ça prend beaucoup de temps. Donc je préfère jouer à de simples jeux de type action.
Récemment, j'étais en train de jouer à Super Donkey Kong avec mes enfants quand Katsura-kun est venu à la maison. Je lui ai dit « Merde, j'arrive pas à le finir. » et il m'a répondu « Je vais le finir pour toi. » C'est un vrai gamer. (rires)

Vous semblez être de bons amis avec Katsura-sensei.

Je côtoie Katsura-kun depuis l'époque où il portait l'uniforme scolaire. Donc oui, nous sommes plutôt proches.

À la place des mangas, y a-t-il quelque chose que vous aimeriez faire dans le milieu de l'animation ?

En animation, on peut faire à peu près n'importe quoi, donc l'envie de créer une histoire originale animée me trotte dans la tête assez souvent.

J'ai entendu dire que vous aimez les jouets.

Ouais, j'aime bien ça. En fait, je vais au magasin de jouets tout le temps. J'ai une pièce remplie de modèles en plastique.

Ceux qui ne sont pas encore construits ?

Avec les modèles en plastique, si vous ne les achetez pas rapidement, vous apprenez qu'ils ont cessé de produire un modèle particulier. Ainsi, sur l'idée de « si je veux le construire plus tard, je vais avoir des ennuis », j'ai continué à en acheter et c'est comme ça que j'ai fini par être envahi de modèles non construits.

Que pensez-vous de la tri-dimensionnalisation de vos personnages ?

Il y a une différence ente passer un personnage 2D en 3D et faire un modèle 3D d'un être humain réel. Avec ça, les problèmes de réalisme comme « il n'y a pas de narines comme ça dans la réalité » m'ennuient.
Par exemple, avec les constructions mécaniques, il y a quelques temps, j'ai conçu un avion appelé le "Lady Bee" pour Gulliver Boy. J'ai été capable de le concevoir logiquement, donc lorsqu'il a été rendu en trois dimensions, on pouvait voir comment rentrer dedans et l'endroit où les lumières s'allumeraient.

Que pensez-vous de la façon dont les véhicules sont capables de bouger dans l'animé ?

J'aime bien la façon dont l'animé peut montrer la mécanique en mouvement. C'est particulièrement efficace lorsqu'il s'agit de scènes où il y a beaucoup de mouvements. Je suis très envieux parce qu'il y a une limite à tout ça dans le manga.

Créer des modèles de personnages pour des jeux vidéo, est-ce complètement différent de dessiner des personnages pour le manga ou l'animé ?

Oui, il y a un contraste important.

Avec Dragon Quest, la conception des personnages pour l'émission télé et celle pour le jeu sont bien distinctes.

Quand elles sont finalement utilisées dans un jeu, les images du personnage sont petites, donc vous pouvez faire un design relativement complexe. Ce n'est pas comme s'il fallait les dessiner dans un manga ou un animé. Donc vous n'avez pas à vous inquiéter « Oh, ça va être pénible. » Comme ils sont petits, il faut juste leur donner des caractéristiques qui les rendront reconnaissables immédiatement. C'est pareil dans l'animation, je suppose. Par exemple, une personne noire, brune, ou plus radicalement, une personne pourpre. Pour l'apparence des personnages dans mon manga, normalement j'évite d'utiliser des trames parce que c'est incommodant, mais j'essaie d'en utiliser pour les personnages de l'animé afin de leur donner une caractéristique identifiable.

Telle une personne couverte d'encre noire ?

Comme une personne couverte d'encre noire. (rires) Un personnage de jeu peut avoir des vêtements qui, je pense, seraient chiants à dessiner à plusieurs reprises dans un manga. Par conséquent, avec l'animé, afin de ne pas mettre une pression excessive sur les animateurs, je trouve un compromis entre le manga et le dessin de jeu.

Lorsque vous inventez les personnages, les imaginez-vous en couleurs ?

Dans l'ensemble, je pense à eux en monochrome. Après que je me sois décidé sur le personnage, le schéma général des couleurs se concrétise dans ma tête. Cependant, quand je me mets effectivement à les colorier, je finis parfois par changer les couleurs.

Dans les parties où il n'y a pas de couleur dans le manga, le personnel de l'animation vous interroge-t-il sur la coloration ?

Oui. Il n'y a pas eu beaucoup de demandes vers la fin de Dragon Ball, mais entre le Cell Game et les épisodes de Boo, il n'y avait aucune couleur, alors on m'a consulté. Donc, il y a eu un échange où je leur ai dit d'utiliser les couleurs qui leur plaisaient, et j'ai apporté quelques retouches.

Pour conclure, la diffusion de la suite de Dragon Ball [DBGT] a été approuvée ; quel est votre ressenti à ce sujet ?

Je n'ai pas été impliqué dans l'élaboration de l'histoire, donc j'ai hâte de pouvoir profiter du spectacle comme un spectateur ordinaire ! J'espère que vous l'attendez tous avec impatience également !

Le 5 juin 1995, au domicile d'Akira Toriyama.

Interview publiée dans le Daizenshû 4 (World guide)

Tori-bot

Je voudrais centrer mes questions sur la vision du monde de Dragon Ball. Premièrement, la Terre qui apparaît dans Dragon Ball est considérablement différente de la Terre réelle, n'est-ce pas ?

Ouais, les mangas que j'ai dessinés jusqu'à présent ont tous été des mondes qui n'existent pas. Ainsi, bien qu'il soit dit que le Penguin Village est sur la Terre, vous ne savez pas où il est situé. Cashman était dans un monde légèrement réaliste, mais il n'était pas dans un pays spécifique.

Pourquoi choisissez-vous de les mettre dans des mondes qui ne sont pas vraiment quelque part ?

Parce que c'est vraiment plus facile de cette façon. Généralement, je choisis mes critères sur ce qui peut être facile. Si j'avais choisi d'utiliser le monde réel, j'aurais dû me servir de documents de référence pour dessiner les choses comme les bâtiments et les véhicules. Si je faisais ça, les gens pourraient se plaindre, même si ce n'était qu'un petit peu différent.

Je pensais que normalement, il était plus facile de penser à des choses réelles et de dessiner en ayant des références matérielles...

Vous croyez ? En plus de ne pas avoir à utiliser de documents de référence, si je dessine une histoire où je décide librement du fond, je peux créer ce que je veux et le placer dans un monde qui n'est nulle part.

Ne regardez-vous même pas des documents de référence pour l'élaboration des paysages ?

En fait, je ne les regarde pas, bien qu'au début j'observais des bâtiments chinois et des choses comme ça. Quand la publication a commencé, je voulais changer complètement l'image de ce que j'avais fait jusque-là avec Dr Slump. Comme Dr Slump donnait un sentiment de côte ouest américaine, cette fois je tenais à ce que le résultat soit oriental. À cette époque, ma femme était intéressée par la Chine, et j'ai dessiné des trucs en regardant dans les livres de photographies chinoises qu'elle avait achetés.

Bali

Plus tard, j'ai fourni beaucoup d'efforts pour dessiner les motifs du championnat du monde des arts martiaux. Avant que la prépublication ait commencé, ma famille et mes assistants étaient allés à Bali. L'île Papaye, où se tient le Tenkaichi Budôkai, est complètement inspirée de Bali. J'ai beaucoup consulté les photos qu'ils avaient prises lors du voyage, et j'ai pu inventer les édifices et autres. À cause de ça, ce fut incroyablement difficile. (rires) Parce qu'après je dus dessiner le stade du Tenkaichi Budôkai d'innombrables fois. Dans ces moments-là, je devais consulter des documents de référence. (rires)

Y a-t-il eu d'autres décors pour lesquels vous vous êtes servi de documents de référence après ça ?

Ouais, bien qu'il n'y en ait pas eu beaucoup après ça. Ah, c'est vrai, l'endroit où était enterré le vaisseau de Babidi, j'ai consulté un livre de photos d'Afrique pour ça. Il y avait des photos qui donnaient une impression d'étendue sauvage incroyable, et j'ai dessiné un arrangement de ça. D'un autre côté, le cadre était plein de déserts, de sorte qu'il était difficile de les dessiner distinctement.

Quand on y pense, même s'ils pourraient tous être appelés déserts, chacun d'eux deviennent des paysages différents.

C'est ça. J'ai essayé de leur donner un décor différent à chaque fois, en changeant des choses comme la forme des rochers ou les montagnes au loin. J'ai beaucoup réfléchi sur cette région. Il fallait que je trouve comment les rendre différents des endroits d'avant, car sinon ça aurait été ennuyeux.

Tout au long de l'histoire, des régions désertes où personne ne vivait sont apparues partout.

Après tout, ce serait dur si Gokuh et les autres se battaient au milieu d'une ville. J'aurais dû dessiner les habitants de la ville ainsi que les bâtiments qui seraient détruits. C'est la véritable raison pour laquelle Gokuh et les autres, à chaque fois qu'ils étaient sur le point de se battre, voulaient aller dans quelque désert où personne ne vivait. (rires) Ils n'avaient qu'à utiliser la danse de l'air pour partir, comme il avait été convenu à l'avance.
Maintenant que j'y pense, une fois que Gokuh et ses alliés apprirent la danse de l'air et furent capables de voler, faire avancer l'histoire devint vraiment très facile.

Comment ça ?

Eh bien, parce que chacun est devenu capable de voler immédiatement à n'importe quel endroit. C'est pourquoi inventer le développement de l'intrigue est devenu plus facile, et surtout la progression de l'histoire est devenue plus rapide. En termes d'images, j'ai pu montrer des choses depuis le ciel. C'est aussi pourquoi j'ai introduit Kinto'un au début. Jusque-là, je devais sortir des véhicules comme des avions et des automobiles un par un, et c'était vraiment pénible.

Je suppose que la téléportation a été la technique suprême pour cela.

Ouais, c'est vrai. Ça m'a permis de faire aller Gokuh sur la planète de Kaio et la nouvelle planète Namek. Après qu'il soit devenu capable de se téléporter, les variations dans son style de combat ont augmenté.

J'imagine que la réflexion pour les scènes de combat a été difficile à chaque fois.

Ouais, avec les combats aussi, je n'aurais pas pu leur faire faire la même chose à chaque fois. Ça allait bien au début quand Gokuh était tout petit, mais dans la seconde période, lorsque les combats ont commencé à s'intensifier progressivement, j'ai inventé des techniques de plus en plus étonnantes. C'est pourquoi il a été amusant de dessiner le combat de Majin Boo et Gotenks. J'ai imaginé des techniques étranges dans l'esprit d'un manga à gags. (rires)

Comment avez-vous trouvé les noms pour les attaques spéciales ?

En fait, je n'aimais pas vraiment donner des noms aux techniques. Dans un vrai combat à mort, en aucune façon vous ne pouvez dire le nom de chaque technique. Vous seriez foutu au moment où vous hurleriez le nom de la technique. (rires) Mais mon éditeur m'a dit qu'il était préférable de donner les noms des techniques.
Ma femme est celle qui a nommé le Kamehameha. Je me creusais la tête en disant « L'attaque spéciale de Kame-Sennin devrait s'appeler quelque-chose-ha, quelque-chose-ha. » et elle a dit « Pourquoi pas Kamehameha ? ». Ça sonnait bien, c'était idiot, et ça correspondait tout à fait à l'humeur de Kame-Sennin.
Pour les noms des autres techniques, je les ai tous trouvés moi-même. D'habitude, je choisissais des noms susceptibles d'être donnés par un personnage particulier aux techniques qu'il utilise. N'était-il pas probable que quelqu'un comme Vegeta nomme ses techniques en anglais ? Les techniques de Piccolo étaient de bon goût en kanji.

En parlant de Piccolo, aviez-vous prévu dès le début la découverte de son origine : un alien venu de la planète Namek ?

Bien sûr que non, je n'y avais pas pensé du tout (rires). Il en va de même pour les saiyas. Lorsque j'ai imaginé la queue de Gokuh et le singe géant, je ne pensais pas que Gokuh était un alien ou autre chose. Piccolo non plus. Parce que je l'ai imaginé en pensant d'abord à Kami-sama.
Ce n'est que bien plus tard que j'ai essayé d'imaginer des choses compatibles de façon cohérente. Par exemple, il y a le fauteuil dans lequel est assis le grand doyen de la planète Namek. Eh bien c'est exactement le même que celui où est assis Piccolo Daimaô quand il apparaît pour la première fois. Il manquait juste les crânes.

Je vois ! À bien y penser, il avait la même forme.

Fauteuils

Je pensais que Piccolo Daimaô aurait fait ce genre de siège en ayant sûrement encore quelques souvenirs de la planète Namek. Aussi, j'ai donc imaginé les formes des bâtiments et des vaisseaux spatiaux de Namek en utilisant le modèle du fauteuil de Piccolo Daimaô. Quand j'ai préparé le départ pour Namek, on m'a dit que c'était voué à l'échec de s'aventurer dans l'espace dans un shônen manga. Alors j'ai essayé de rendre Namek cohérente avec ce que j'avais fait avant.

L'au-delà a été un autre endroit de plus à devenir le cadre de l'histoire. Comment avez-vous imaginé la façon dont serait l'autre monde ?

Dragon Globe

Je voulais lui donner une impression assez mystérieuse, comme pour le palais de Kami-sama, mais j'ai pensé qu'il serait bon de le rendre un peu plus réaliste. C'est pourquoi Enma Daiô et les Oni portent des costumes comme des salarymen. Je pense que vous pouvez voir ça en regardant la carte du monde dans ce livre, mais il y a un truc appelé l'aéroport vers le Ciel. L'idée est que les gens qui vont au paradis doivent y aller par avion.
Cette carte complète était à l'origine des informations d'arrière-plan que je dessinais à la demande des gens de l'animé, mais j'ai profité de l'occasion pour ajouter le monde Kaiôshin, qui n'était pas inclus dans la carte complète auparavant, afin de la rendre parfaite. En vérité, cette carte du monde complet est quelque chose que j'ai fait après avoir fini de dessiner l'histoire, pour rendre le tout cohérent. (rires) Avec moi, j'imagine l'histoire à l'avance, et seulement ensuite je fournis les informations d'arrière-plan qui concordent avec elle. Je suppose que si j'étais un artiste normal qui fait les choses correctement, j'imaginerais d'abord les informations de fond avant d'en venir à l'histoire. En disant cela, vous pourriez croire que je pense à partir de rien, mais ce n'est pas vraiment le cas, il y a une vague image, avant même que je crée l'histoire.

Même si une personne normale le ferait dans le sens inverse, vous étiez capable de tout coordonner. Vous entendre parler m'a permis de jeter un coup d'oeil dans votre tête. Merci beaucoup pour cette entrevue.

Le 24 juillet 1995, à l'hôtel touristique de Kanazawa, Ishikawa, Japon.

Interview publiée dans le Daizenshû 4 : Akira Toriyama's best

Tori-bot

SECTION PERSONNAGE

Si vous aviez à dessiner un autre Dragon Ball, quel serait le personnage principal ?

Mister Satan
Mister Satan serait celui que je voudrais mettre dans le rôle de premier plan. Que diriez-vous d'un manga à gags avec lui et Boo ?

Qui voudriez-vous pour enfant ? Qui voudriez-vous comme parent ?

Comme enfant : Dende
Il est sérieux et peut guérir les blessures. Mais il a l'air un peu étrange, donc je suppose qu'on s'en prendrait toujours à lui à l'école.
Comme parent : Bulma
Je serais très riche, alors je serais relativement livré à moi-même.

Qui est supposé vivre le plus longtemps et qui paraît avoir la plus courte espérance de vie ?

Il semble qu'il vivra longtemps : Kame-Sennin
On dirait qu'il va vivre une période étonnamment longue.
Il semble qu'il mourra tôt : Vegeta
Tout le monde finit par mourir, mais Vegeta semble avoir une pression artérielle si élevée qu'il va probablement disparaître brusquement.

Si vous deviez être réincarné, qui voudriez-vous être ?

Trunks
Ce serait agréable d'être le Trunks qui n'a pas le passé douloureux. Je serais riche, en mesure de m'acheter beaucoup de jouets, et je serais réellement fort.

De tous vos personnages, lequel est le plus...

Cool : Gokuh
Gourmet : Satan
J'ai l'impression qu'il a des goûts de luxe.
Timide : Piccolo
Je pense que les Nameks sont une espèce timide par nature.
À la mode : Trunks
Je pensais que ça pourrait être Bulma, mais une fois devenue une vieille dame, elle s'habille de façon démodée.
Espiègle : Kame-Sennin
Bien sûr que ce devait être ce type.

SECTION LIEUX

Quelles constructions aimez-vous beaucoup du point de vue architectural ?

1) La tour Karine
Un sanctuaire construit au sommet d'une mince colonne est intéressant même s'il dégage une impression de déséquilibre. J'aime vraiment les constructions comme ça, qui ne peuvent exister dans la réalité.
2) Le temple de Kami-sama
J'aime bien les édifices qui flottent dans les airs et qui ont une forme inhabituelle.

Si vous pouviez voyager, à quels endroits souhaiteriez-vous vous rendre ?

1) Au palais du tout-puissant
Juste pour admirer le paysage. Et puis je veux voir ce qu'il y a à l'intérieur.
2) À la capitale de l'Ouest
Je n'aime pas beaucoup les villes mais je serais d'accord pour y aller juste une fois.
3) Au Kaiôshinkai
Il y a quelque chose dans ce royaume qui donne une bonne sensation. Je pourrais y couler des jours paisibles. Le climat a l'air d'être agréable aussi.

Où souhaiteriez-vous emménager pour y vivre ?

Kame house
Faire les courses serait assez pénible, mais si j'avais un véhicule pour partir au-dessus de l'eau, et tant qu'un typhon n'approche pas, alors Kame House serait l'endroit où j'aimerais le plus vivre.

SECTION ARTS MARTIAUX

Si vous aviez à choisir la meilleure exécution du Kamehameha, laquelle choisiriez-vous ?

Le Kamehameha de Kame Sennin
Celui qui m'a laissé le plus d'impression était le tout premier, celui qu'a produit Kame-Sennin. Parce que c'est à partir de là que l'histoire du Kamehameha a commencé. D'ailleurs, je crois que la forme qu'il avait lorsqu'il l'a lancé était réussie.

Quelles techniques voudriez-vous apprendre ?

1) La danse du ciel
Voler librement dans les airs me donnerait certainement de bonnes sensations. D'ailleurs, ce serait très utile dans la vie quotidienne.
2) La téléportation
Je pourrais aller à n'importe quel endroit où j'aimerais aller.
3) Le Kamehameha
Le Kamehameha ! Ce serait phénoménal de casser des choses un peu partout. Mais après ce serait gênant de devoir rembourser tout le monde.

Quelles techniques adorez-vous ?

1) Kamehameha
Je n'aime pas tant que ça les techniques mais la façon dont le Kamehameha stocke puis libère toute cette énergie n'est-elle pas stylée ? En plus, c'est ma femme qui a trouvé le nom.
2) Ultra smash Boo-Boo volleyball
C'est vraiment ridicule, mais amusant. Elle m'a fait grand plaisir.
3) Super ghost kamikaze attack
J'aime bien les fantômes aussi. C'était fou d'avoir une technique qui a une volonté qui lui est propre.

Quels affrontements aimez-vous le plus ?

1) Son Gokuh vs Piccolo Daimaô
Comme c'était le premier combat contre un type fondamentalement mauvais, il y avait un petit quelque chose qui rendait cette lutte particulière.
2) Gotenks vs Majin Boo
Je pense que c'était le premier combat depuis longtemps où j'ai été en mesure de faire les choses à ma façon. J'ai dessiné pas mal de choses comme ça pendant cette période.

Et qu'en est-il des célèbres combats du Tenkaichi Budôkai ?

Son Gokuh vs Ten Shin Han
Un des plus fameux serait Gokuh contre Ten Shin Han. Parce que leurs capacités étaient quasiment égales.

SECTION HAUTE TECHNOLOGIE ET SCIENCE-FICTION

Quel objet de Dragon Ball aimeriez-vous avoir ?

Hoi-Poi capsules
Je prendrais quelques capsules avec moi si je partais en voyage. Mais c'est surtout quand il n'y a aucun espace de stationnement que j'en aurais le plus besoin. Elles sont bien sûr très pratiques. Sachant que leur poids ne varie probablement pas, je pourrais y fourrer n'importe quoi. Mais que se passerait-il si quelqu'un était encore à l'intérieur ?

Quel élément vous a fait penser « C'est incroyable ! » ?

Hoi-Poi capsules
Au début, la série était un road manga, donc s'ils allaient à différents endroits sans porter de bagages puis sortaient soudain des affaires, ce serait étrange. C'est pourquoi il était plutôt commode de mettre des affaires et des véhicules dans des capsules.

Quels sont vos humains artificiels préférés ?

1) Cell seconde forme
La deuxième forme de Cell, ce type robuste. Lorsque j'ai montré à M. Kondô, mon éditeur à l'époque, ce que j'avais imaginé, il m'a dit « Hé ! Ce gars-là a l'air stupide. Dépêchez-vous de le faire passer en forme parfaite. » En fait, j'avais prévu de lui donner un rôle plus actif.
2) Cyborg N°18
N°18 était le genre de fille que je n'avais pas dessiné avant, donc j'étais relativement heureux. J'aime bien ses yeux bridés.
3) N°19 et N°20
En parlant d'yeux bridés, j'aime aussi N°19 et N°20. Au début, je pensais que N°20 devait être le véritable ennemi, mais on m'a dit qu'il n'était qu'un vieux schnock alors je me suis débarrassé de lui.

Interview publiée dans le Daizenshû 6 : Movies and TV Specials

Tori-bot

Bojack by Toriyama

Quelle est votre position par rapport aux films animés Dragon Ball ?

Je considère les films comme étant une "autre dimension" par rapport à l'histoire originale du manga. Avec les films, je fais partie du public.

Quel est votre rôle dans la production des films d'animation ?

Je contrôle l'intrigue et les scripts qui viennent des animateurs des studios de la Toei. Je dessine et modifie quelques personnages, et je change certains noms.

Y a-t-il des personnages dont vous avez vous-même élaboré le design ?

Il y en a, tels que Bojack et Broli. Récemment, il y a eu Tapion et Minosha.

Comment inventez-vous les personnages ?

Je passe en revue les brouillons et les ébauches de scénario qui viennent de la Toei, et je dessine des personnages qui correspondent aux histoires.

Dans les films d'animation, y a-t-il un méchant que vous appréciez particulièrement ?

Janemba

J'ai pensé que la version transformée de Janenba, conçue par les animateurs de la Toei, était vraiment cool. J'apprécie la façon dont ce personnage se déplace dans les scènes de combats. Entre parenthèses, il n'y a aucun de mes propres designs que j'aime.
Janenba

Avez-vous une méthode pour créer les personnages antagonistes dans la bande dessinée d'origine ?

En général, je me dis « Peut-être que je devrais faire ça prochainement », puis je développe l'histoire, et seulement ensuite je réfléchis aux personnages. J'essaie toujours d'imaginer des ennemis sensiblement différents mais c'est difficile... Cependant, je crois que j'ai réussi à bien développer Majin Boo. D'autres fois, il y a souvent des situations où je reste insatisfait.

Lors de la création d'un personnage, comment procédez-vous au départ ?

Je commence par le visage. Tout en inventant le visage, je fais apparaître le corps. À ce moment-là, j'ai déjà une idée du costume de base. Avec les vêtements, je prends garde s'ils correspondent à l'environnement dans lequel le personnage apparaît, ou si la tenue remue facilement quand il se bat.

Quand vous créez un personnage antagoniste, passez-vous par de nombreuses révisions ?

En termes de nombre d'esquisses, il y a des fois où j'en dessine une trentaine et n'arrive toujours pas à me décider, et il y a aussi des moments où je me dis « C'est presque ça » après un seul dessin.

Qu'est-ce qui vous a fait entrer dans le chara design de jeux ?

C'est M. Torishima qui m'y a poussé. Au début, j'étais loin d'être volontaire, mais finalement, ça s'est révélé très utile pour moi. J'ai réalisé : « Alors, il y a des domaines comme ça ».

Au fait, qu'est-ce qui vous a amené à imaginer Gokû devenir Super Saiya et ses ennemis se transformer ?

J'étais souvent englué dans un bourbier parce que je continuais à m'approcher d'une limite à la force des personnages. Par exemple, je n'avais pas prévu que Gokuh pourrait devenir super saiya. À l'époque où j'ai imaginé le "Super Saiya", j'ai réalisé que je devais changer l'apparence de Gokuh, afin de montrer concrètement qu'il avait bénéficié d'un surcroît de puissance. Mais pendant la conception, les expressions faciales semblaient un peu malveillantes. J'étais préoccupé, « est-ce OK pour un gentil de ressembler à ça ? » Mais, puisqu'il se transforme par la colère, j'ai pensé que ça pourrait bien aller après tout. Ce fut une décision quelque peu audacieuse.
En ce qui concerne le perso ennemi, si mon éditeur dit « Je ne l'aime pas », je le change sur ces motifs (rires). Aussitôt, "se transformer" est devenu la norme pour les personnages, et cela m'a fait travailler avec une autre contrainte.

Aviez-vous réfléchi à d'autres méthodes d'augmentation de puissance pour Gokû à part le super saiya ?

À cette époque, je n'avais pas le temps de penser à de nombreuses options différentes, alors il n'y en a pas eu.

La "fusion" est un autre moyen d'augmenter la puissance, n'est-ce pas ? Comment ce concept est-il né ?

Ceci, je crois, en tant que concept, est sorti d'une discussion avec Katsura-kun sur la supposition qu'« il n'y a rien de plus fort que le super saiya ». Nous avions l'habitude de faire les imbéciles entre nous, et il m'a dit en plaisantant à l'époque : « Dans ce cas, peut-être que le seul moyen restant pour devenir plus forts est de fusionner ensemble. » Je lui ai répondu : « Eh ! C'est une idée géniale ! Tu dis donc parfois de bonnes choses. C'est la première fois que tu me rends service. » (rires) C'est comme ça que l'idée est née.

Et à propos de la conception des "potalas" ?

Eh bien, c'était juste parce que la fusion a été utilisée jusqu'à épuisement dans les films, et je me disais « Que dois-je faire ? ». Comme je dessinais des boucles d'oreilles, je me suis demandé si je pouvais les utiliser d'une manière ou d'une autre.

Alors vous n'aviez pas dessiné les boucles d'oreilles comme un moyen de fusionner dès le début ?

Non. Elles étaient d'abord juste des décorations.

C'était donc un produit de circonstances.

J'ai longtemps marché sur le fil du rasoir. (rires)... Toutefois, lorsque je suis acculé, mes ondes cérébrales semblent s'aiguiser, et les idées commencent à couler plus efficacement. Je suis doué pour biaiser de la sorte. (rires)

C'est surprenant.

Non, ce n'est pas surprenant du tout. Je suis toujours tourmenté par l'anxiété. Si dans le chapitre précédent, j'ai écrit que « quelque chose de phénoménal va se passer », je dois alors m'en tenir à mes paroles et me débrouiller pour faire quelque chose qui soit vraiment impressionnant, et je souffre moralement. (rires)

Dans le domaine de la technologie vidéo, dans les films "Renaissance de la fusion" [12] et "Explosion du poing du dragon" [13], il y a des effets spéciaux générés par ordinateur. Que pensez-vous de ces techniques ?

Au lieu de la notion « Nous allons utiliser toute nouvelle technologie », j'ai tendance à croire que des films intéressants peuvent être créés sans une telle technologie. Toutefois, si les films peuvent être mieux rendus avec elle, je suis d'accord pour son utilisation.

Y-a-t-il quelque chose que vous voudriez faire sur un ordinateur ?

Oui. Je pense surtout aux moyens de rendre les choses plus faciles, comme réaliser un croquis côté d'un engin mécanique et le faire bouger. Ou dessiner des croquis préliminaires et les obtenir directement en dessins définitifs. (rires)

Par ailleurs, de tous les films et TV spéciaux, lequel est votre favori ?

J'aime bien l'histoire sur le père de Gokuh, Burdock. C'est très dramatique. C'est le genre d'histoire que je n'aurais jamais écrite. Je veux dire par là que j'avais l'impression de regarder un différent type de Dragon Ball.

Je voudrais me renseigner sur un contenu plus personnel ; quel est le premier dessin qui vous a vraiment procuré un sentiment de bien-être ?

Mon premier souvenir d'avoir fait un "bon" dessin est celui d'un cheval. Je m'en souviens encore. J'ai senti que les articulations étaient bien dessinées. J'aime dessiner depuis longtemps, et quand nous étions petits, comme il n'y avait pas beaucoup d'autres formes de divertissement comme aujourd'hui, tout le monde dessinait. Quand j'étais à l'école primaire, nous copiions tous des dessins de mangas et d'animés.

Dans ce cas, peut-être cette période de votre vie est-elle liée à votre emploi actuel de mangaka.

Ça se pourrait bien. Parce que j'ai continué à dessiner obstinément. Au début, nous dessinions tous à peu près au même niveau. Enfin, j'ai commencé à dessiner des portraits caricaturaux de mes amis, et c'est alors que j'ai senti que "dessiner des images" était amusant.

Quelles sont les origines de votre style de dessin ?

Je crois que c'était Walt Disney et Osamu Tezuka. Quand j'étais enfant, il y avait des écoles de dessin appelées "Zugayasan". Les enfants du coin se rassemblaient bruyamment et dessinaient. Je me souviens d'un jour où j'ai dessiné une image des 101 Dalmatiens, j'ai remporté un prix, je suis entré en extase, et maintenant me voilà. (rires)

En dehors des mangas, dessinez-vous personnellement des illustrations ?

Non. Mais j'ai pris l'habitude depuis l'enfance d'observer attentivement mon environnement. Même quand je vais faire des courses, j'aime observer l'apparence de la ville plutôt que les achats eux-mêmes. Le paysage urbain, les petits objets et les vêtements que je vois m'ont été utiles pour dessiner du manga. Également lorsque j'étais contraint de dessiner des objets de tous les jours quand je travaillais pour une entreprise [de design graphique]. « Pouah. Pourquoi dois-je dessiner une centaine de paires de chaussettes ?! » me plaignais-je. Avec le recul, ces choses pourraient m'avoir aidé.

Est-ce qu'il vous arrive de croquer quelque chose que vous voyez ?

Non, je grave les images dans ma mémoire. Donc, généralement, lorsque j'essaie de les dessiner de tête, je fais des erreurs. « C'était comment, déjà ? » (rires) Mais je me souviens de l'image générale. Bien que n'étant pas précise, je me fie à ma mémoire et je peux dessiner les choses grossièrement. Je pense qu'il n'y a rien que je sois incapable de dessiner.

Dans l'interview pour le 5eme volume, vous avez mentionné que vous voudriez créer un animé original, mais quel rôle souhaiteriez-vous avoir dans le travail ?

Je tiens à composer l'histoire et le chara-design moi-même. J'ai envie d'en créer un que n'importe qui pourrait apprécier, qu'il soit jeune ou vieux, masculin ou féminin.
En outre, si possible, je veux dessiner le manga avant l'animé. Ainsi, quand l'animation sera effectivement produite, il sera plus facile de transmettre les sentiments de l'ouvre. Si je le sors d'abord, je peux aussi voir s'il est intéressant. Même comme un simple one-shot, j'aimerais le dessiner. Pour l'instant, je suis à la recherche d'un scénario.

Pour finir, avez-vous des infos sur le prochain film d'animation ?

Le film qui sortira au printemps prochain [DB film 4 : La Voie du plus fort], il semble que ce sera l'histoire des volumes 1 à 8 qui sera recréée sous une forme condensée. En outre, les gens de la Toei veulent nous faire prêter attention aux techniques d'effets spéciaux qu'ils vont utiliser pour pimenter le film. Au cours du début de la diffusion de l'animé TV Dragon Ball, les gens de la Toei n'étaient pas encore habitués aux dessins, donc je suis curieux de savoir ce qu'ils peuvent accomplir avec leurs compétences actuelles. J'espère que vous pouvez tous vous en réjouir d'avance également.

Je vous remercie beaucoup pour cette précieuse discussion.

Le 5 octobre 1995, dans les bureaux de la Shueisha.

Interview publiée dans le Daizenshû 7 (Dictionnaire de Dragon Ball) : Les révélations d'Akira Toriyama

Tori-bot

Parlons un peu de ce qu'il est advenu de certains personnages de Dragon Ball, si vous le voulez bien.

Lunch N°17

Qu'est-il advenu de Lunch ?

Vous savez que Lunch était partie à la recherche de Tenshinhan, n'est-ce-pas ? Eh bien, comme il s'entraînait avec Chaozu et qu'il changeait souvent d'endroit, elle ne le trouva jamais. J'avais à l'origine dessiné Lunch, mais je l'ai remplacée par N°17 pour sa dernière apparition dans la série.

À propos de N°17, comment lui et sa soeur, N°18, sont-ils devenus des cyborgs ?

Hum... Avant de devenir cyborgs, ils étaient délinquants. Le docteur Géro, qui recherchait alors des sujets sains pour ses expériences, tomba par hasard sur ces jumeaux. Il les fit kidnapper et les transforma. Devenus cyborgs malgré eux, ils éprouvèrent de la haine pour Géro. Voilà pourquoi ils se rebellent contre lui et le tuent dans la série.

Gokuh dessiné par Katsura

Comment Krilin et N°18 se sont-ils mariés ?

En sept ans, il s'en est passé, des choses. En ce qui concerne N°18, Krilin était le type d'homme qu'elle n'avait jamais rencontré auparavant, honnête autant que naïf. Elle commença donc peu à peu à le trouver attirant. C'est vrai qu'il m'arrive de développer ce genre d'histoire d'amour dans mon esprit. Pareil pour Bulma et Vegeta. Mais je préfère garder ça pour moi et ne pas le dessiner dans le manga. C'est que je suis un grand timide, vous savez... Et puis il vaut mieux laisser faire les spécialistes en la matière, comme mon ami Masakazu Katsura, par exemple.

Qu'est-il advenu du gang de Pilaf ?

Ils n'ont jamais cessé d'élaborer des plans pour dominer le monde. Mais quand Cell apparut, ils durent remettre ces plans à plus tard. Puis, la paix revenue, ils décidèrent enfin de passer à l'action, mais Boo se découvrit au même moment. Ils durent une fois de plus ajourner leurs projets.

Quelles différences y a t-il entre les deux Trunks adolescents ?

À dire vrai, le Trunks du futur et le Trunks du présent sont tout à fait différents. Le premier vit de façon modeste avec sa mère pour seule famille, et l'autre est chouchouté dans une maison luxueuse, en subissant l'influence de son père. Déjà, vous pouvez constater que leur environnement n'est pas le même, ce qui explique ces différences de caractère chez les deux Trunks. Mais il est vrai que le Trunks du futur a beaucoup plus de fans chez les filles alors que celui du présent est plus populaire parmi les plus jeunes lecteurs. Il est tout de même intéressant de voir que l'environnement dans lequel un homme vit peut influer sur son caractère. Pour cela, Trunks est un bon exemple.

Tori-bot